Le verdict est tombé ce matin. Au nom d’une loi visant à désencombrer les prisons, Jacob Zuma, prisonnier « non violent », bénéficie d’une remise de peine et ne retournera pas finir ses 15 mois de prison pour insulte à la cour.
Pour mémoire, Jacob Zuma entretient un jeu du chat et de la souris avec la justice, depuis qu’il est impliqué dans le scandale des ventes et achats d’armes , The Arms Deal de 1999, où il est accusé de fraude, corruption, blanchiment d’argent. Il avait accepté un pot de vin de la firme Thalès, anciennement Thomson CSF, pour l’octroi du marché d’équipements sophistiqués pour des corvettes. Ce qui vaut au corrupteur Thalès d’être sur le banc des accusés avec le corrompu. La reprise du procès était prévue pour le mois d’août.
Son incarcération en juillet 2021 après son arrestation dans sa résidence de Nkandla avait provoqué des émeutes, pillages et incendies dans les provinces du Kwazulu Natal et du Gauteng, ce qui avait provoqué la mort de 350 personnes et couté des milliards de rands à l’économie sud-africaine. Sa fille et un de ses fils sont soupçonnés d’avoir encouragé les pillards par des tweets virulents.
Au bout de deux mois de prison, Zuma avait demandé à être libéré pour raisons médicales, ce qui lui fut accordé par le chef des services correctionnels, son ami et obligé Arthur Fraser. Le parti d’opposition, Democratic Alliance et des ONG avaient fait appel et la Cour suprême avait jugé cette décision illégale en novembre 2022. Zuma devait donc revenir en prison pour finir de purger ses 15 mois de prison. Entre temps, il est parti se faire soigner à Moscou, d’où il est revenu il y a quelques jours.
Pour éviter une répétition des émeutes de juillet 2021, si Zuma devait retourner en prison, la police et l’armée étaient en état d’alerte. L’homme est-il donc si dangereux et ses fidèles prêts à défier l’Etat par la violence ? La décision prise a indigné l’opposition qui ne voit là qu’une loi faite sur mesure pour Zuma. Toutefois, il est vrai que les prisons sud-africaines sont surpeuplées et que 9000 prisonniers pourraient profiter de cette loi.
Thuli Madonsela, l’ancienne médiatrice de la République, qui n’avait pas ménagé sa peine pour que Zuma et sa clique répondent de leurs méfaits devant la justice, apporte son soutien au président Ramaphosa qui a promulgué la loi ce jour, par un tweet « Rien de plus ne sera gagné par son incarcération. Et il ne faut pas oublier que sa relaxe a été une faute de l’état » Ironie de l’histoire, les démêles de Jacob Zuma interviennent au moment où l’Afrique du Sud consacre le mois d’août à la cause des femmes, en mémoire de la marche des femmes sur Prétoria le 9 aout 1956 pour protester contre l’obligation du port du « pass » pour les femmes noires. Jacob Zuma a été acquitté pour le viol de Khwezi , une jeune femme de son entourage.
Lire : Khwezi, the remarkable story of Fezekile Ntsukela Kuzwayo by Redi Tlhabi Editions Jonathan Ball 2017
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