Poutine n’assistera pas au sommet des Brics en Afrique du Sud

Depuis des mois, la diplomatie s’active pour résoudre l’épineux problème de la présence ou non du président russe au sommet des Brics qui doit se tenir en août à Johannesburg en Afrique du Sud. En décidant de ne pas venir, Poutine met fin aux spéculations sans résoudre la quadrature du cercle.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Afrique du Sud a fait partie de ces pays qui n’ont jamais ouvertement condamner la Russie, tout en admettant qu’elle avait agressé son voisin. Rappel de la guerre froide quand les pays qui luttaient pour leur indépendance trouvaient aide et assistance auprès de l’Union soviétique, difficulté pour les pays dits émergents de trouver leur place dans un monde où les USA veulent s’affirmer comme les maitres du jeu, volonté d’afficher une politique de non-alignement, refus de s’engager dans un conflit où ils ont tout à perdre, autant d’arguments pour justifier leur positionnement et leur désir de voir ce conflit prendre fin.

Et dernièrement la volonté de s’afficher en porteurs de paix en organisant une mission de paix africaine en juin dernier, sous la houlette de la Fondation Brazzaville de l’homme d’affaires Jean -Yves Ollivier. L’absence de Poutine au sommet des Brics ne peut que renforcer le poids de cette mission auprès du Président Zelinski qui l’avait fraîchement accueillie.

Cette décision prise en concertation avec les dirigeants des Brics donne un élan à la présidence de Ramaphosa engluée dans l’inertie depuis des mois. Même le parti d’opposition Alliance démocratique (DA) qui avait déposé un recours devant la justice pour exiger l’arrestation du président russe s’il mettait le pied sur le sol sud-africain reconnait que « c’est un grand jour pour l’Afrique du Sud ».

Pour Ramaphosa cette décision vient à point pour faire valoir auprès des Usa que son pays continue à bénéficier des tarifs douaniers préférentiels de l’AGOA (African Growth Opportunities Act ) qui risquaient d’être suspendus à la suite de la présence d’un navire russe à la cargaison mystérieuse qui avait jeté l’ancre dans le port militaire de Simon’s Town

L’Afrique du Sud a beau prétendre pratiquer une politique de non-alignement, en fait le pays ne peut pas se passer de l’Ouest, comme l’a avoué Paul Mashatile, le vice-président. Et c’est bien là toute la complexité de la politique étrangère sud-africaine que la guerre en Ukraine a mis en lumière. La fébrilité diplomatique pour la préparation des diverses conférences internationales qui vont avoir lieu dans les jours à venir, et le sommet des Brics n’est pas des moindres, montre à quel point une reconfiguration de l’ordre mondial est à l’ordre du jour. Le désir de voir un monde multipolaire où les pays africains, les pays émergents auraient toute leur place peut-il trouver un début de réponse au sommet des Brics où la Russie sera représentée par le ministre des affaires étrangères Serguei Lavrov ?

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