Le rapport d’une ONG, publié en juillet 2019, révèle l’extrême précarité dans laquelle vivent les enfants sans papiers. Venus du Zimbabwe, du Mozambique ou de la République démocratique du Congo, ils vivent dans les provinces du Gauteng ou du Cap occidental, les deux régions les plus riches d’Afrique du Sud, ou de la région du Limpopo, frontalière avec le Zimbabwe. Ils n’ont aucun papier, donc aucun statut et aucun droit.
On ignore le nombre exact de ces enfants sans papiers, mais sans papiers ils n’ont accès ni à l’école, ni aux services de santé. « Les enfants sans papiers ne peuvent pas aller à l’école, s’inscrire à la bibliothèque municipale, aller en voyage scolaire ou toute autre activité s » commente Sidi Moyo, une des responsables du centre Scalabrini de la ville du Cap qui accueille des migrants mineurs.
Certains de ces enfants sont venus avec leurs deux parents ou avec un seul parent et d’autres seuls, ceux qu’on désigne comme « mineurs non accompagnés ». Pour ces derniers, obtenir des papiers d’identité est une véritable torture. Il faut l’intervention du tribunal pour enfants et un travailleur social pour les accompagner dans leurs démarches et cela peut prendre des mois. 40% des enfants qui ont fait l’objet du rapport sont considérés comme apatrides. La pire des situations. Apatride cela veut dire pour ces futurs adultes qu’ils ne pourront pas trouver d’emploi légal, ouvrir un compte en banque, se marier, aller à l’université et risqueront l’arrestation et la déportation.
Selon la législation sud-africaine, les migrants peuvent demander le statut de réfugiés ou de demandeur d’asile. Avant de demander le statut de refugié, valide pour quatre ans et renouvelable, il faut obtenir le statut de demandeurs d’asile valable seulement pour six mois et qui doit être renouvelé jusqu’à l’obtention du statut de refugié accordé en cas « de risque fondé de persécution en raison de sa race, de sa religion, de sa tribu, de sa nationalité ou de son opinion politique et impossibilité pour ces raisons de retourner dans son pays d’origine. La plupart du temps la demande originelle été faite par un parent avec lequel l’enfant a perdu tout contact et la peut donc pas être renouvelée. Pour les enfants nés en Afrique du Sud de parents étrangers, 39% des enfants de l’étude n’avaient pas de certificat de naissance. Un risque de grossir encore le nombre d’enfants sans papiers.
Les demandes de régularisation doivent se faire dans un Bureau de réception pour réfugiés (RRO), mais faute de moyens et de personnel , ces bureaux sont submergés par les files d’attente et il faut parfois attendre un an avant d’obtenir un rendez vous pour examen du dossier. C’est le cas du RRO de Port-Elizabeth qui délivre des rendez vous un an à l’avance. Mais ces papiers n’ont aucun tampon officiel ou signature et ceux à qui on a remis ce sésame perfide peuvent être arrêtés à tout moment.
Les refugiés et demandeurs d’asile ont fui la guerre ou la misère. Pour les enfants venus du Zimbabwe et qui ont franchi la frontière avec la province du Limpopo, la crise économique qui sévit dans leur pays est la raison principale de leur départ. Ils viennent chercher un emploi dans les fermes sud-africaines. Le Zimbabwe est au bord de l’effondrement économique, la famine est à craindre, et avec elle la fuite de milliers de Zimbabwéens vers le pays voisin qui en accueille déjà près de deux millions.
Retrouvez cet article sur la Toile : http://renapas.rezo.net/spip.php?article893Retour à la page d'accueil du site RENAPAS
retour à l'article