Pour la première fois, l’équipe féminine de football d’Afrique du Sud ou Banyana Banyana dispute la coupe du monde. Le parcours de ces joueuses pour en arriver là n’a pas été une promenade tranquille dans une société où la couleur de la peau et l’hyper-virilité restent encore des critères de réussite.
L’équipe des Banyana Banayana n’est pas une simple belle histoire sportive, mais aussi une victoire féministe affirmant que la place des femmes est aussi sur le stade pour leur passion du football. C’est en 1960 que l’aventure commence. En 1962, deux clubs voient le jour : Orlando Pirates Women’s Football Club et Mother City Girls avec seulement des joueuses noires. Le régime d’apartheid triomphe et avec lui une vision raciste et misogyne de la société sud-africaine. Exit le football pour les femmes qui réapparait timidement vers 1970 et continue vaille que vaille à gagner du terrain et en 1993 les Bayana Bayana jouent leur premier match international. Mais les archives sont rares pour établir l’histoire des femmes dans le football sud-africain et Wikipédia n’a pas encore de pages dédiées à l’histoire féminine du football.
L’histoire de Desire Ellis est emblématique de la ténacité de ces femmes pour la pratique de leur sport préféré. Elle a joué plus de cent fois pour un club qui n’existe plus, Athlone Celtic et elle a crée deux clubs Saban United et Spurs Women’s Football Club avant de devenir l’entraîneur de l’équipe nationale depuis trois ans.
Quand elle a disputé un match contre le Swaziland, elle travaillait encore en usine pour gagner sa vie. Blessée au cours du match, elle dut s’absenter ce qui lui valu une mise à la porte pour absentéisme ! Mais il en fallait plus pour la décourager et son histoire est tout autant une victoire pour la reconnaissance de la place des femmes dans le sport, qu’une victoire sur le patriarcat dominant dans la société sud-africaine. Bien que signataire de la Déclaration de Brighton pour l’avancement des femmes dans le monde sportif, les autorités ne font pas grand chose pour l’encourager à l’école comme dans les clubs.
Les footballeuses de l’équipe nationale gagnent 10 fois mois que leurs collègues masculins et pourtant elles ont gagné 55 matches contre 50 pour les Bafana Bafana. Il est vrai que la presse a joué les hommes contre les femmes en accordant à ces dernières 27 articles contre 73 pour l’équipe masculine.
Si la décision de verser la même prime de 22000 dollars à l’équipe féminine si elle parvient à atteindre les 16eme de finale de la Coupe du Monde, comme à l’équipe masculine des Bafana Bafana, si celle-ci parvient à atteindre les 8eme de finale à la Coupe d’Afrique des Nations en juin prochain, est certes une avancée. Il faudra encore bien des efforts pour que les femmes et les hommes soient égaux dans la pratique sportive. Les Bayana Bayana y veillent avec talent et détermination.
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