Le gel des avoirs de la compagnie internationale de consulting McKinsey et de la compagnie sud-africaine Trillian semble être le signe d’un grand nettoyage contre la corruption, la fraude, le blanchiment d’argent sale et autres malversations qui ont discrédité l’Afrique du Sud et mis à mal son économie. Un redressement moral et économique à son début ?
L’entreprise publique Eskom, l’équivalent de notre EDF, est au bord de la banqueroute et les paiements faits à McKinsey et Trillian n’était autres que des malversations ce qui équivaut pour la justice « à des crimes de fraude, vols, corruption et blanchiment d’argent ». Les anciens dirigeants d’Eskom ont été limogés, une nouvelle équipe nommée juste avant le Forum économique de Davos, pour ne pas faire tache dans le décor immaculé du village suisse. Cyril Ramaphosa, le nouveau Monsieur Propre de l’ANC, qui sera à Davos, a bien l’intention de séduire les investisseurs étrangers pour redonner vigueur à une économie exsangue.
Si le gouvernement sud-africain est largement responsable de la débâcle, il n’est pas le seul. Des compagnies internationales, comme McKinsey, censées donner des conseils de bonne gouvernance ou KPMG, cabinet d’audit international, n’ont rien vu du siphonage des ressources de l’état sud-africain au profit de la famille Gupta&C°. Selon le responsable financier du parquet sud-africain, Eskom a versé des sommes importantes à Trillian sans appels d’offres, sans contrats et avec des factures frauduleuses pour des services inexistants ! Toutes ces malversations faites sur les bons conseils de McKinsey.
Selon les enquêtes menées par amaBhungane and Scorpio#GuptaLeaks, la pieuvre des relations douteuses de la famille Gupta avec le monde économique et politique est plus proche d’une mondialisation de la filouterie que de bonnes et saines transactions commerciales. Une entreprise britannique, EMR, leader mondial de la collecte et recyclage de métaux usés serait dans la boucle infernale en détenant 49% des actions d’une compagnie indienne Worlds Windows. Le chiffre d’affaires de EMR (European Recycling Metal) est de l’ordre de plus 2 milliards d’euros par an.
Le fondateur de Worlds Window, est l’un de ces entrepreneurs indiens, jeunes et dynamiques qui font l’admiration de ceux pour qui le succès compte plus que l’honnêteté. Piyoosh Goyal avait tout juste 20 ans quand il a créé son entreprise à Delhi en 1990. Il a commencé par importer et recycler les métaux usés, puis a étendu ses activités à la logistique et, après sa rencontre avec les Guptas, il a investi dans le charbon. Rien de plus facile car Duduzane Zuma était dans le coup et les Guptas ont été catégoriques « Nous avons des tas de mines, tu n’auras aucun problème. Nous connaissons tout le monde ».
Toutes ces activités ont facilité les transactions de la famille Gupta vers la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et les Emirats arabes unis. Le responsable financier d’Eskom a devant la commission d’enquête parlementaire, la mémoire qui flanche. Il ne se souvient plus très bien comment un paiement d’environ 110 millions d’euros a pu être versé à la compagnie Tegeta pour qu’elle achète la mine de charbon Optimum à la multinationale Glencor, à prix cassé, en passant par Trillian, sous la direction bienveillante de McKinsey. Matshela Koko, un des dirigeants d’Eskom, a rejeté tous les actes de malversations qui lui sont reprochés et se dit victime d’une campagne des médias pour discréditer le gouvernement et Eskom alors que lui-même dénonçait la corruption qui entourait la construction des centrales à charbon de Medupi et Kusile. ( voir nos articles et brève sur Medupi et Kusile)
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