Le sujet est délicat dans un pays où près de 90% de la population se déclarent croyants d’une religion ou une autre. Le jugement rendu par le tribunal du Gauteng met les choses au clair alors que la loi laissait un flou que des autorités scolaires avaient cru bon utiliser au bénéfice de la seule religion chrétienne.
Plainte avait été déposée devant un tribunal de la province de Gauteng contre six écoles d’état afrikaner qui se qualifiaient « d’écoles chrétiennes » et distribuaient aux élèves Bibles et insignes représentant la Sainte Trinité. L’organisation OGOD, soutenue par d’autres défenseurs de la Constitution comme Section 27 et le Conseil pour l’avancement de la Constitution sud-africaine, affirmait qu’il était contraire à la Constitution qu’une école fasse la promotion d’une religion et ignorent les autres.
Pour se défendre, les écoles incriminées ont invoqué la liberté de religion, le juge a mis en avant la Politique nationale de la religion qui avait été élaborée par l’ancien ministre de l’éducation, lui –même juriste. Prudent, Kader Asmal, avait opté pour une formulation assez vague. Il avait écrit que la religion pouvait « contribuer » à l’éducation, mais que les écoles « devaient le faire de façon différente de l’instruction ou la culture religieuse donnée dans les familles ou les communautés religieuses ».
Le juge, tout aussi prudent, a exprimé son inquiétude de voir qu’une école d’état pouvait mettre en avant une seule et unique religion au détriment « du respect national et démocratique envers la diversité de nos traditions culturelles et religieuses ».
N’est il pas écrit dans la Constitution sud-africaine que le pays appartient à tous ceux qui y vivent « unis dans notre diversité » ? C’est au nom de ce respect de la diversité du peuple sud-africain, diversité faut-il le rappeler qui a servi d’alibi au régime d’apartheid pour séparer « les races », que le juge a pris sa décision.
Etant donné la sensibilité de la question dans un pays dont les règles démocratiques fondamentales ont à peine plus de 20 ans, la nouvelle constitution a été adoptée en 1996, le juge a déclaré « l’Etat n’a pas choisir en matière de religion, ni vis-à-vis des non croyants, ni vis-à-vis ou des autres religions ».
Mais le verdict va plus loin que de dire que l’Etat n’a pas à choisir, on peut lire aussi dans le jugement qu’une petite communauté ayant acquis par les aléas l’histoire « une certaine particularité » n’a pas le droit de l’imposer au plus grand nombre. En clair, la communauté afrikaner n’a pas plus de droit que les autres.
Le jugement ne va pas plaire à tous, mais pour ceux qui veillent au respect de la nouvelle constitution comme à la prunelle de leurs yeux, c’est une belle victoire. Comme le dit Section 27 : « nous ne tolérons pas notre diversité, nous en sommes fiers » !
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