La saga Zuma vs Gordhan : la fin du kamikaze Zuma ?

Ce n’est pas la première fois que l’on reproche à Pravin Gordhan d’avoir mis sur pied, en 2007 alors qu’il était à la tête de la direction générale des impôts, une cellule spéciale des services fiscaux pour traquer la fraude et la corruption. En créant cette cellule, le ministre n’a enfreint aucune loi et donc rien ne peut lui être reproché.

Cette volonté de nuire à la réputation de Pravin Gordhan est une affaire politique lourde de conséquences pour l’avenir du gouvernement, du Président Zuma, de l’Anc et du pays. Des professeurs d’économie ont adressé une lettre ouverte à Jacob Zuma pour que cesse le harcèlement de Pravin Gordhan et pour exprimer leur « inquiétude à la fois devant ces attaques contre le Ministre des finances et devant le manque général de progrès pour mettre fin à la crise croissante de la stagnation économique, de la pauvreté, du chômage, des inégalités et de la crise de gouvernance des entreprises d’état ». Susan Booysen, professeur de sciences politiques à l’Université de Witwatersrand estime que le Président Zuma« se comporte en kamikaze qui ne pense qu’à se protéger, à protéger sa position et ses partisans dans l’Anc ».

Ces événements interviennent après la débâcle électorale de l’Anc et la demande de plus en plus claire d’un changement dans la direction des affaires du pays, non seulement de la part de simples citoyens sud-africains, mais des vétérans de la lutte de libération, d’une partie de l’Anc et de ses alliés. La liste de ceux qui ouvertement demandent le départ de Jacob Zuma s’allonge tous les jours et la tenue d’un rassemblement devant le siège du parti, Luthuli House, est à l’ordre du jour.

L’échec électoral est très vertement critiqué au sein même de l’Anc et par son allié, le parti communiste sud-africain, Sacp. La déclaration à la fin de la séance plénière de son 13eme Congrès critique sans détour la campagne électorale qui a mis en avant Jacob Zuma au lieu de répondre aux électeurs sur des questions de politique locale. « Un nombre croissant de Sud-Africains pensent que les élus de l’Anc sont arrogants et croient être au dessus des citoyens ordinaires ». Le secrétaire adjoint du parti estime même qu’avoir mis le portrait du président sur les affiches électorales a été une erreur tactique. Le Sacp a réaffirmé son soutien à Pravin Gordhan, a fustigé la famille Gupta et tous les requins de la finance et des affaires douteuses et appelle à une conférence extraordinaire non–élective de l’Anc pour remettre la maison en ordre avant qu’il ne soit trop tard. Le Sacp rejette l’idée d’avancer la conférence nationale prévue pour décembre 2017 avec l’élection de l’équipe dirigeante qui ne ferait qu’aggraver la lutte des factions pro ou anti Zuma au détriment de la recherche de l’unité qui fait gravement défaut depuis des mois.

Le choc des élections a provoqué des fractures si profondes que des sections de l’Anc dans la province du Cap oriental demandent la démission de Jacob Zuma, que l’on nomme ouvertement les responsables dont le comportement nuit à l’image de l’Anc. Le Cosatu n’est pas en reste et dénonce dans un communiqué les vétérans du mouvement armé MK qui soutiennent Zuma contre Gordhan qui refuse de comparaître devant les Hawks. « Le camarade Pravin a parfaitement le droit de faire ce qu’il fait et si nous, en tant que membres de l’Alliance, nous nous proclamons les défenseurs de la liberté, nous devons défendre sa liberté et relever le défi des Hawks ».

A la lecture de la presse, des déclarations des uns et des autres, nul doute que l’Anc et le gouvernement sud-africain traversent une crise sans précédent dont les conséquences politiques et économiques pourraient se révéler désastreuses pour le pays.

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