Zuma, Gupta ou Gupta, Zuma ?

Qui dirige l’Afrique du Sud ? Le gouvernement élu au suffrage universel ou une richissime famille indienne, les Gupta, qui selon la presse sud-africaine ont mis la main sur l’état sud-africain ? Après l’embrouille juridique entre l’unité d’élite de la police, les Hawks, et le Ministre des Finances, Pravin Gordhan, et les révélations d’une ancienne élue de l’Anc, la réponse semble pencher en faveur de la famille Gupta.

Le jeu de chaises musicales qui a ramené le très respecté Pravin Gordhan à la tête du ministère des Finances n’a pas refroidi la chaudière politique qui bouillonne dangereusement.

Le questionnaire de 27 questions soumises par les Hawks au Ministre des Finances sur une supposée « unité de voyous » au sein du SARS, service sud-africain des impôts, quand lui-même en était un des responsables, a jeté une lumière crue sur les coulisses du pouvoir où il est question de gros sous, corruption et coups tordus.

Pravin Gordhan, plus préoccupé de sauver ce qui peut l’être d’une économie en plein naufrage, n’ayant pas répondu en temps voulu à la demande des enquêteurs, ceux-ci ont copieusement arrosé les médias de « fuites » tout en proclamant que leur travail respecte scrupuleusement la constitution. Ils font ainsi passer le message que le ministre est un citoyen comme un autre qui doit obéir à la loi, et s’il ne le fait, on doit forcément en déduire qu’il n’a pas la conscience tranquille.

Cependant en voulant absolument faire passer Pravin Gordhan pour le vilain, les Hawks ont réussi à provoquer un sursaut dans la classe politique et les langues commencent à se délier.

Une ancienne élue de l’Anc, Vytjie Mentor, vient de révéler que la famille Gupta lui avait proposé un poste de ministre si elle était prête à faire en sorte que la liaison aérienne assurée par la compagnie nationale SAA vers l’Inde leur soit cédée. La proposition a été faite dans leur résidence de Saxonwold, et Jacob Zuma était dans une pièce voisine de celle où se faisait l’offre. Ce dernier n’en a aucun souvenir.

Le très sérieux Financial Times a aussi révélé qu’avant le limogeage du ministre des finances Nklanla Nene, la famille Gupta avait proposé le poste à son vice-ministre Mcebisi Jonas qui avait décliné l’offre. La famille Gupta a aussi pris sous son aile protectrice, un des fils de Jacob Zuma, Duduzane Zuma, et n’a pas hésité à jouer de son influence auprès du ministre des Mines pour lui faciliter le rachat de la mine de charbon Optimum qui appartenait au groupe suisse Glencore.

Mais qui sont donc les Gupta ?

Les trois frères Gupta se sont installés en Afrique du Sud en 1993, après l’ouverture d’un magasin de chaussures par Atul Gupta. Avec ses frères, Rajesh et Ajay, et grâce à un gros travail, la famille a aujourd’hui des intérêts dans les mines, l’immobilier et les médias. ‘Nous faisons des affaires, nous ne faisons pas de politique » est la réponse à toutes les questions sur l’extension étonnante de leur richesse et de leur pouvoir.

Toutefois, il semblerait que l’Anc s’inquiète enfin de l’emprise de la famille Gupta sur les affaires du pays et dans une déclaration vient de rappeler que « la section 91 de la Constitution de la République d’Afrique du Sud accorde au Président l’autorité de nommer les ministres, de leur attribuer leurs responsabilités et de les renvoyer ».

La prochaine réunion du Comité national exécutif de l’Anc va examiner cette affaire « afin de réaffirmer son autorité et restaurer la confiance populaire ». La séance risque d’être animée, le Sacp a déjà demandé l’ouverture d’une commission d’enquête sur le rôle de la famille Gupta et l’approche des élections locales va venir pimenter les débats.

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