La présidente de la Ligue des femmes de l’Anc dénonce dans une lettre ouverte parue dans la presse, le sexisme et le racisme toujours omniprésents dans son pays, plus de 20 ans après la fin de l’apartheid. Bathabile Dlamini n’y va pas par quatre chemins : racisme et sexisme sont toujours les meilleurs moyens pour préserver le pouvoir du mâle blanc.
Bathabile Dlamini s’adresse à tous les dirigeants masculins politiques, économiques et de la société civile, en tant que femme noire et militante alors que le pays va célébrer le 60eme anniversaire de la Marche des femmes sur le siège du gouvernement à Pretoria le 9 août 1956. Elle veut rendre hommage à ces femmes sud-africaines qui se sont battues pour que toutes puissent partager un avenir fait d’égalité, de sécurité dans tous les domaines de la vie privée et publique.
Le constat est amer : en dépit des avancées juridiques, des campagnes menées contre les violences faites aux femmes, les statistiques sont effrayantes parce que le simple fait d’être une femme rend vulnérable dans une société qui reste fondamentalement dominée par le pouvoir masculin. Dénoncer le racisme ne suffit pas puisque « les femmes sont violées, agressées, battues à la maison, discriminées au travail, les dirigeantes politiques sont insultées, dénigrées, leur capacité de dirigeantes mise en doute ».
Elle fustige « l’idéologie de la suprématie masculine qui continue tranquillement son chemin dans toutes les sections de notre société, dans le monde des affaires, des associations, des partis politiques. Oui, je dis tous les partis politiques, y compris le mien, l’Anc. Quand des dirigeants de l’Anc se font les complices ou les acteurs de l’oppression des femmes dans notre société, il devient difficile pour ce parti, ce parti de gouvernement de mettre en place les politiques et la législation que nous avons initié en tant qu’Anc et que nous devons mettre en place… Comment allons nous changer les comportements et les attitudes de domination des hommes dans le monde des affaires, dans l’opposition, dans les associations, dans les foyers quand les hommes en position de pouvoir dans notre propre mouvement continue à penser qu’ils ont le droit d’avoir les postes de direction dans notre parti et au gouvernement, qu’ils ont le droit d’avoir des relations sexuelles avec des femmes qui sont vulnérables à cause de leur âge, de leur statut d’employée ou tout autre statut ? ….Non, vous les hommes vous n’avez pas le droit d’avoir une relation sexuelle avec une femme sans son consentement. Non, vous les hommes, vous n’avez pas le droit d’être le patron à la maison, au travail ou au gouvernement. En fait, vous les hommes, vous devez être bien conscients que ce pouvoir vient du privilège d’être un homme et que nous devons travailler ensemble pour éradiquer toutes les formes de discrimination et de violence faites aux femmes ».
Elle conclut cette lettre en espérant qu’elle va susciter un vrai débat pour en finir avec les idéologies de la supériorité de la race blanche, de la supériorité masculine, de la normalité hétérosexuelle qui sont toutes complémentaires les unes des autres. Toutefois, elle sait que même proche du pouvoir, elle reste vulnérable parce que, écrit-elle « je suis, après tout, une femme noire dans uns société dominée par le pouvoir masculin ».
traduction Jacqueline Dérens
Retrouvez cet article sur la Toile : http://renapas.rezo.net/spip.php?article714Retour à la page d'accueil du site RENAPAS
retour à l'article