Le Président soudanais savait qu’il ne courait aucun risque en venant assister au sommet de l’Union Africaine à Johannesburg. Le gouvernement sud-africain lui avait assuré l’immunité et protection pour sortir du pays. Cette rocambolesque affaire n’est pas sans poser de sérieux problèmes sur l’avenir de la Cour pénale internationale, sur l’impunité des grands de ce monde et l’injustice faite aux victimes et sur l’image sérieusement écornée du gouvernement sud-africain.
Dès l’ouverture du sommet de l’UA, l’arrivée du président soudanais a donné lieu à des spéculations, les ministres sud-africains eux-mêmes éludant les questions des journalistes, mais accueillant quelques heures après le Président soudanais avec tous les honneurs à l’aéroport OR Tambo de Johannesburg.
Son départ de la base militaire de Waterkloof avait été soigneusement préparé et selon le quotidien Mail&Guardian au moins trois ministres avaient élaboré un plan secret pour son exfiltration du territoire. Le quotidien donne même le nom de code du vol Sudan 01 alors que les autorités affirmaient que le président soudanais n’était pas sur la liste des passagers. Le gouvernement sud-africain nie tout en bloc.
Toutefois, il va devoir expliquer pourquoi il a refusé d’obéir à la justice de son pays. L’ordre d’arrêter Omar el Bashir sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la CPI pour crimes de guerre, crime contre l’humanité sur les populations du Darfour aurait du être respecté par un gouvernement signataire du Traité de Rome et membre de la CPI. L’opposition ne va pas manquer de demander des explications au gouvernement qui a déjà pas mal de scandales à gérer : celui des dépenses pour la rénovation de la résidence de Nklanda ; celui très ancien, mais toujours pas éclairci des pots de vin pour l’achat de matériel militaire sous la présidence de Thabo Mbeki ; celui plus douloureux du massacre des mineurs de Marikana et celui de la vague xénophobe qui a ravagé la région de Durban.
Jacob Zuma veut-il s’attirer les faveurs de ses pairs africains en s’attirant les foudres des défenseurs des droits de l’homme ? S’il est vrai que la CPI a depuis ses débuts visé essentiellement les dirigeants africains et que les résultats ne sont pas à ce jour très brillants, il n’en reste pas moins que des crimes de masse ont été commis en toute impunité. En foulant aux pieds la décision d’un tribunal sud-africain, le gouvernement de Jacob Zuma fait sienne cette politique d’impunité et c’est bien ce que lui reproche une grande partie de l’opinion publique sud-africaine.
La CPI, que l’on peut qualifier de « machin » , comme les autres institutions internationales a démontré son inefficacité et son coût exorbitant . Mais les grands de ce monde on un goût immodéré pour les « machins », surtout quand ils peuvent en faire des hochets qu’ils agitent selon leur fantaisie. Omar al Bashir, qui sourit rarement, a du pouffer de rire dans l’avion qui le ramenait tranquillement à Khartoum. Son compère Zuma aura lui peut-être plus de mal à se justifier devant un tribunal sud-africain.
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