Le vingtième discours à la nation restera dans l’histoire parlementaire de l’Afrique du Sud, mais pas pour les bonnes raisons. Comme il l’avait annoncé, le parti de Julius Malema, les Combattants de la liberté économique, tout de rouge vêtu, a interrompu le discours présidentiel dès son début en demandant la parole, puis en la prenant sans attendre la réponse. Prévenue d’un désordre possible, la Présidente de l’Assemblée a demandé l’évacuation des fauteurs de trouble en faisant intervenir en plus du personnel du parlement, du personnel en civil. A la suite de l’échauffourée avec les élus de EFF, des membres du parti d’opposition DA ont quitté l ‘hémicycle. Le Président Zuma a finalement fait son discours devant une assemblée désertée par les élus de l’opposition.
Le lendemain, les réactions ont fusé de toute part. Tous les journaux ont fait leurs gros titres sur la violence qui s’est déchainée dans un lieu solennel, garant de la constitution. Le Daily Maverick est le plus sévère avec un titre sans appel : Sona 2015 : la Honte de la Nation. Tout les éditoriaux font, sous une forme ou autre, le même constat : le pays va mal.
Les syndicats ont préféré centrer leurs déclarations sur le contenu du discours du président. Le NEHAWU, le syndicat de l’éducation, la santé et travailleurs associés note que le discours du Président ne propose rien de concret pour lutter contre la pauvreté, le chômage et les inégalités, la trilogie infernale qui ruine le pays.
Denosa, le syndicat des personnels hospitaliers, regrette l’absence de référence aux nombreux problèmes des services de santé, en particulier le manque de personnel dans les hôpitaux publics.
Le Sacp, allié de l’Anc au gouvernement, fustige les perturbateurs qui menace les avancées démocratiques chèrement acquises et approuve les neuf propositions faites, entre autres celles pour faire face à la crise énergétique et pour résoudre la question de la redistribution de la terre et redynamiser le secteur agricole.
La question reste de savoir quelle sera la volonté politique pour mettre en œuvre les mesures promises, comment redonner confiance dans la politique à des électeurs dont les désillusions sont de plus en plus fortes et redynamiser une économie vacillante.
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