Comme il est de tradition, le Président Zuma a célébré le 102eme anniversaire de l’ANC par un discours qui se veut à la fois un rappel des progrès accomplis au cours de la dernière année et une feuille de route pour l’année à venir. Mais 2014 est une année exceptionnelle car elle sera l’année du bilan des vingt ans de gouvernement démocratique dirigé par l’Anc depuis 1994 et celle des élections.
Au cours de la cérémonie qui s’est tenue à Nelspruit dans la province du Mpumalanga le 11 janvier 2014, le Président Zuma a rappelé les valeurs qui ont conduit l’Anc à la victoire sur le système d’apartheid : le dévouement envers la nation, le sacrifice personnel et l’intégrité. Des valeurs suffisamment mises à mal ces dernières années pour que de nombreux analystes soulignent combien l’Anc a besoin de regagner la confiance des citoyens et des électeurs.
Le discours tout en vantant les avancées réalisés depuis 20 ans et les cinq dernières années de la présidence de Jacob Zuma, est aussi lucide sur les manques du parti au pouvoir en particulier sur la corruption et l’enrichissement facile et rapide des élus qui confondent leur poches et les caisses de l’état. L’affirmation que tout élu ou représentant de l’état reconnu coupable de fraude ou corruption devra immédiatement quitté ses fonctions est une avancée par rapport à la situation actuelle où le présumé coupable garde son poste, et les avantages qui vont avec, jusqu’à ce que la justice tranche sur sa culpabilité ou son innocence.
Les questions cruciales de la pauvreté, des inégalités et du chômage sont au cœur du manifeste électoral comme dans tous les discours de l’Anc, mais cette année les Sud-Africains ne se contenteront pas de paroles et de promesses, mais exprimeront leur choix par leur bulletin de vote.
L’Anc promet de créer six millions d’emplois en cinq ans et de réfléchir à l’adoption d’un salaire minimum garanti ce qui serait une solution pour alléger la pauvreté. C’est une réponse aux demandes de la centrale syndicale Cosatu qui avait formulé cette demande dès 2012. Mais la question de savoir quel type d’emplois peut être crée reste sans véritable réponse concrète : s’agit-il d’emplois temporaires, d’emplois aidés par le gouvernement, comme pour l’emploi des jeunes, d’emplois crées dans le cadre de grands travaux d’infrastructures ? La réponse n’est pas à trouver dans le manifeste électoral, mais dans les futures négociations avec les partenaires sociaux et la mise en place du Plan National de Développement (NDP) adopté à la conférence de Mangaung en 2012.
Dans son discours, le Président appelle à l’unité de tous les Sud-Africains pour la transformation économique du pays pour corriger les inégalités héritées du colonialisme et de l’apartheid. Appel entendu par son principal allié, le Cosatu, en dépit de ses problèmes internes et de la fronde du Numsa, le syndicat des métallurgistes qui rejette le NDP comme un programme néo libéral. Dans une déclaration, le Président du Cosatu reconnait la situation un peu difficile de son organisation « La réalité est que nous voulions que notre avis sur le NDP soit entendu, mais la réalité de la démocratie est que parfois on perd » et d’ajouter que le Cosatu continuera à se battre sur ses positions.
Le Président Zuma est revenu sur les divisions au sein du Cosatu en précisant que l’alliance se fait sur un programme minimal et qu’il était hors de question que le Cosatu « co-gouverne » avec l’Anc et que si cela était le cas « il s’agirait d’une autre système de gouvernement ». Il a insisté sur le caractère unique de cette alliance et sur sa fragilité permanente puisque ce n’est pas la première fois que des divergences de point de vue entre le gouvernement dirigé par l’Anc et les syndicats apparaissent.
Le manifeste électoral de l’Anc laisse un espace aux syndicats puisqu’il admet que les points de friction : la loi sur les aides à l’emploi des jeunes, l’étude pour un salaire minimum garanti, la limitation du travail intérimaire et de la sous-traitance, les négociations salariales et les relations dans le monde du travail sont négociables.
Le plus gros du travail reste à faire dans les mois à venir : convaincre les électeurs que l’Anc est le meilleur choix pour continuer à diriger les affaires du pays.
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