Après la suspension de Zwelinzima Vavi de son poste de secrétaire général du Cosatu, le recours au tribunal pour décider de la validité de la mesure disciplinaire fait courir le risque d’une fracture de la centrale syndicale et d’un affrontement entre factions qui auront des répercussions pour les prochaines élections de 2014.
Le recours auprès du tribunal du Gauteng pour régler une question interne à un syndicat est une démarche inhabituelle. Trois syndicats, le Numsa (métallurgie), la Fawu (agro alimentaire), et le Safpu (joueurs de football) ont déposé un recours auprès du tribunal de la province du Gauteng au prétexte que la suspension prononcée à l’encontre de Z.Vavi serait contre à la constitution interne au Cosatu. L’argument est que seule une délibération prise à la majorité respecte la procédure démocratique. Cette démarche montre que la division entre pro et anti Vavi fait son chemin dans les rangs des membres de la Cosatu et que le risque de scission est bien réel.
La décision du tribunal de reporter l’audience au 8 octobre prochain pour lui donner le temps d’avoir tous les documents en main avant de se prononcer ne va pas apaiser le climat détestable entre les trois syndicats qui soutiennent l’ancien secrétaire général et les sept autres qui font cause commune avec la direction du Cosatu. La prochaine réunion du Conseil exécutif risque d’être houleux et le cas Vavi risque de détourner l’attention des dirigeants des questions brûlantes du monde du travail.
La prise de parole du secrétaire sanctionné devant les métallurgistes en grève ne fait qu’aggraver la situation. Les sympathisants de Vavi affirment qu’il a parlé en son nom, ce que rejettent ses adversaires en qualifiant cette prise de parole de faute grave. Cette prise de parole a crée des remous au sein même du Numsa qui pourtant soutient Vavi.
Le cas Vavi ne fait que mettre au grand jour les dissensions entre les partenaires de la triple alliance depuis la conférence de l’Anc à Maungang en décembre 2012. Le fond du problème est celui de l’orientation économique et les discussions autour du Plan national de développement et sa mise en application toujours retardée montre à quel point les divergences sont profondes. Les questions du chômage, de la pauvreté, des inégalités exigeraient des réponses innovantes que personne ne veut prendre.
La division se reflète aussi dans les affrontements entre individus. Irvin Jim, le secrétaire du Numsa n’hésite pas à dire que Gwede Mantashe, le secrétaire général de l’Anc , et Blade Nzimande, le secrétaire général du Sacp sont responsables des divisions au sein du Cosatu. A ces accusations, Gwede Mantashe réplique que le Cosatu est victime d’un ‘culte des personnalités » qui paralyse son action. Si on ajoute les accusations de « complot » contre Vavi, les nuages noirs s’accumulent sur l’avenir de l’Alliance tripartite.
A quelques mois des prochaines élections générales, ces divisions risquent de coûter cher à l’Anc, car le Cosatu lui apporte traditionnellement les voix des travailleurs. Si le Numsa refuse, comme il le menace, de ne pas faire campagne pour l’Anc, il faudra au Président Zuma redoubler d’efforts pour convaincre les citoyens de lui faire confiance et que le pays est sur la bonne voie.
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