La région du Karoo est l’objet de la convoitise de la compagnie pétrolière Shell qui veut exploiter les énormes gisements de gaz de schiste. Le gouvernement pourrait autoriser l’exploitation, mais la population locale s’oppose à la destruction de son mode de vie dans un environnement exceptionnel.
Pour l’Afrique du Sud qui importe 70% de ses besoins en pétrole, la manne des gaz de schistes du Karoo est fort tentante. Selon les experts, ce gaz pourrait générer un milliard de rands de revenus dans les 30 ans à venir et générer la création d’emplois dans cette zone semi aride où le taux de chômage est plus élevé que la moyenne nationale. Le Ministre du commerce et de l’industrie a laissé entendre que le gouvernement pourrait prendre une décision en avril prochain.
Shell qui veut exploiter ces réserves, estimées être au 8éme rang des pays ayant des gisements de gaz de schiste, veut utiliser la technique du « fracking », qui pulvérise la roche par injection d’eau, de sable et de produits chimiques sous pression, plus efficace et plus rentable pour l’exploitant.
La population locale y est fermement opposée et cette opposition a le soutien des défenseurs de l’environnement et de très riches Sud-africains qui ont des terres dans cette région.
Le Karoo qui couvre environ un tiers du territoire sud-africain est une région semi désertique couverte d’herbe rase et de buissons. L’Afrique du Sud reçoit en moyenne 46 centimètres de pluie par an, mais dans le Karoo, il tombe au plus environ 10 centimètres d’eau par an.
Suffisamment d’eau pour pratiquer l’élevage du mouton qui fournit une laine de qualité, la laine mohair qui s’exporte et dont la vente fait rentrer 3,4 milliards de rands par an. La région produit aussi de la viande de mouton et d’autruche. La flore est particulièrement intéressante avec des espèces rares que l’on ne trouve que dans le Karoo.
Shell envisage de faire venir de l’eau de mer pour exploiter les gisements de gaz afin de ne pas priver la population de son eau rare et prévoit des compensations pour les fermiers spoliés de leurs terres. La compagnie fait aussi miroiter la création de 700 000 emplois et des experts parcourent la région pour vanter les bienfaits de l’exploitation des gaz de schistes.
Le gouvernement de son côté emploie des experts pour établir un code de conduite et la Ministre des ressources minières se dit « favorable aux opportunités que cette exploitation pourrait offrir » tout en prenant en considération l’impact sur la vie locale et l’environnement. Shell n’est pas seule dans les starting-blocks, Falcon Oil & Gas, Chevron, Bundu Oil& Gas Exploration, Challenger Energy sont aussi sur la ligne de départ.
Mais la question de l’eau est cruciale dans un pays dont les rivières, les terres sont déjà polluées par les rejets d’eau acides des mines d’or, de charbon, de platine et d’uranium. AngloGold Ashanti vient d’être l’objet d’une plainte pour avoir pollué un affluent de la rivière Vaal, avec de l’eau saturée d’uranium, issue d’une fuite qui n’avait pas été réparée à temps.
L’exploitation des mines est déjà un sérieux problème pour l’environnement, l’exploitation des gaz de schistes ne fera qu’aggraver la situation même si comme vient de le préciser la Ministre de l’ eau, il faudra une licence pour utiliser l’eau nécessaire pour la fracturation hydraulique.
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