Le comité exécutif du Cosatu a tranché : le secrétaire général Zwelinzima Vavi est suspendu de ses fonctions. Cette sanction met à nu les dissensions au sein de la centrale syndicale et met aussi l’avenir de l’alliance tripartite Anc, Cosatu et Sacp en question un an avant les élections générales de 2014
La chute de Vavi est celle, somme toute assez banale, d’un individu pris au piège du pouvoir, du sexe et de l’argent, et elle n’est pas particulière à l’Afrique du Sud , nos démocraties occidentales ont elles aussi souvent failli pour des histoires d’alcôves. Mais ce qui rend sa chute plus spectaculaire, c’est que le secrétaire général du Cosatu se voulait la voix des pauvres face à un pouvoir qui n’a que trop tendance à oublier ces pauvres qui lui ont fait confiance.
Sa mise à l’écart met en évidence les divisions au sein de la Cosatu et fragilise la puissance de la centrale syndicale pour mobiliser la classe ouvrière. Elu secrétaire général en 1999, Vavi a été le champion de la lutte contre la corruption dénonçant les « chats gras » du gouvernement, dénonçant le travail intérimaire, cet « l’esclavage moderne », mettant en garde « contre la bombe à retardement » qu’est le chômage massif des jeunes, organisant la bataille contre le péage autoroutier entre Johannesburg et Pretoria.
On peut aussi lui reprocher de n’avoir pas réussi à resserrer les rangs au sein de la Cosatu, de n’avoir pas vu que les responsabilités syndicales devenaient des postes lucratifs avec de nombreux avantages ce qui éloignaient les militants de base. La tragédie de Marikana est le dramatique exemple de la dérive du Num, plus attaché à la « rente syndicale » qu’à la défense des mineurs ce qui lui vaut d’être évincé aujourd’hui dans les mines de platine au profit du syndicat Amcu.
En dépit de discours vigoureux et d’exhortations à l’unité, il n’a pas réussi à éviter les affrontements entre syndicats et un clivage autour de sa personne. Le Président du Cosatu , soutenu par le Num, n’a pas hésité à frapper fort en retirant son mandat au secrétaire du Sadtu, le syndicat des enseignants, qui avait donné la parole à Vavi au cours d’une réunion et en rejetant la demande du Numsa (métallurgie) et du Fawu(alimentation) de ne pas réunir la commission exécutive pour décider du sort de Vavi. Ce clivage pro et anti Vavi reflète des positions divergentes sur la politique mené par l’Anc jugé par certains syndicalistes comme trop en faveur du patronat.
Dès 2005, Vavi a soutenu ouvertement Jacob Zuma face à Thabo Mbeki, mais les relations ont vite mal tourné entre les deux hommes et Vavi a dénoncé la politique mené par le gouvernement de Jacob Zuma comme étant contraire aux intérêts de la classe ouvrière. En 2010, dans un document intitulé « L’alliance à un tournant- la bataille contre une élite prédatrice et la paralysie politique », il s’était attiré les foudres de l’Anc et du Sacp, dont des dirigeants occupent des postes ministériels. En 2012, Vavi n’a pas été réélu à la direction de l’Anc et sa position était clairement considérée anti-Zuma. Ses liens avec des organisations de la société civile étaient aussi considérés comme une position anti gouvernementale et un soutien à une opposition politique à l’Anc.
Le sort de Vavi sera définitif après une autre réunion du comité exécutif du Cosatu qui se tiendra à la fin du mois, mais la suspension du secrétaire général de la centrale syndicale aura des répercussions sociales sérieuses immédiates pour les négociations salariales, et politiques à moins d’un an des élections générales.
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