Afrique du Sud : controverse sur le travail intérimaire

Le Cosatu a depuis des mois fait de l’interdiction totale du travail intérimaire son cheval de bataille ce qui a provoqué des frictions avec le gouvernement, mais des députés de l’Anc au cours du travail de la commission parlementaire pour une révision de la loi sur le travail ont finalement pris position pour cette interdiction, à la grande fureur de l’opposition et du patronat.

Le Cosatu dénonce le travail intérimaire comme une forme d’esclavage moderne qui traite les travailleurs comme une marchandise. Dans sa dernière déclaration, le Cosatu réaffirme que le travail intérimaire permet de payer moins et de faire travailler plus pour le plus grand bénéfice du patronat. Un travailleur intérimaire peut faire des heures supplémentaires sans être payé plus, n’a pas le droit aux primes et à l’avancement, et l’adhésion à un syndicat est le plus sûr moyen de perdre son emploi précaire.

Le travail intérimaire dénoncé par le Cosatu pèse aussi sur la qualification des travailleurs car la plupart des temps les emplois temporaires offerts sont des emplois peu qualifiés dans le bâtiment ou les services. Or l’Afrique du Sud a un besoin urgent de personnel qualifié pour répondre à la demande de l’industrie si elle veut faire bonne figure au plan international.

En affirmant que la durée d’un emploi temporaire soit limité « à zéro mois » au lieu des six mois précédemment adopté par le Nedlac, qui réunit patronat et syndicat, les élus de l’Anc indiquent clairement qu’ils sont pour l’interdiction du travail temporaire. Le président de la commission parlementaire a par ailleurs déclaré « nous sommes préoccupés par l’exploitation des travailleurs ». Les élus de la commission ont aussi rejeté le recours au vote secret pour décider d’une grève et à l’encadrement des piquets de grève.

L’opposition a dénoncé cet alignement sur le Cosatu comme une tactique électorale pour gagner le soutien de la centrale syndicale pour les élections de 2014 et les organisations patronales ont dénoncé une mesure qui à leurs yeux sera fatale au marché de l’emploi dans un pays où le chômage est massif.

Busa (Business Unity South Africa) a exprimé sa profonde inquiétude si une interdiction totale du travail intérimaire venait à être décidée car elle entraînerait une perte massive d’emplois. L’association patronale souhaiterait, tout comme la Chambre de commerce et d’industrie d’Afrique du Sud, une régulation plus stricte des agences d’emplois intérimaires car cette dernière reconnait qu’il y a des « éléments pourris » dans la profession.

L’Alliance démocratique (DA) et la Fondation pour la liberté du marché (FMF) sont plus catégoriques dans leur défense du travail intérimaire et affirment que « que ceux qui sont à la recherche d’un emploi devraient défendre les agences de travail intérimaire parce qu’elles offrent des emplois ». Le DA affirme que l’interdiction du travail intérimaire aboutirait à la perte de 850 000 emplois et la FMF que le travail intérimaire est le secteur qui crée le plus d’emplois avec plus d’un million d’employés dans les agences. Supprimer ces agences serait mettre au chômage ces employés.

L ’Afrique du Sud doit de toute urgence trouver des solutions pour stimuler sa croissance et créer des emplois ; pour cela le gouvernement met tous ses espoirs dans le Nouveau plan pour le développement qui est pourtant loin de faire l’unanimité. En tout cas, le Cosatu rejette fermement l’idée qu’un petit boulot temporaire et mal payé soit la recette miracle pour répondre aux défis de la pauvreté et du chômage.

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