La Ministre de l’éducation vient d’annoncer qu’il manquait près de 20 000 enseignants. Les zones les plus touchées sont les zones rurales et le ministère pense à rendre obligatoire un passage dans une école de campagne pour les nouveaux enseignants. Mais la crise de l’éducation exige plus que cela pour répondre aux besoins de la population et du pays.
L’État sud-africain emploie 360 000 enseignants dans le service public ; plus de 20 000 d’entre eux sont obligés d’enseigner dans des classes qui regroupent jusqu’à quatre niveaux différents et 6641 écoles disposent de moins de six enseignants. Le constat est rude quand on sait que le gouvernement sud-africain consacre un cinquième de son budget national pour l’éducation.
Le système d’apartheid qui avait morcelé le système éducatif selon les critères raciaux définis par une idéologie de la supériorité de la race blanche a laissé des traces profondes dans le système vingt ans après sa disparition légale.
Le morcellement se retrouve aujourd’hui avec l’existence de quatre types d’établissements scolaires. Il y a tout en en bas de l’échelle, ce qu’on appelle « les mud schools », pas forcément des écoles en terre battue, sans eau, ni électricité, mais des écoles qui ne peuvent offrir qu’un enseignement de très bas niveau faute de moyens matériels, faute d’enseignants formés et faute de parents qui s’impliquent vraiment dans l’éducation des enfants parce qu’ils ont d’abord à penser à la survie de la maisonnée.
Ensuite viennent les « state schools » qui sont les écoles les plus nombreuses et qui regroupent les établissements du premier et second degré. Elles fonctionnent selon un modèle traditionnel hérité du 19eme siècle et les élèves qui sortent de ce système même avec un diplôme ont peu de chance de s’insérer dans le monde du travail. Pourtant ce sont ces écoles qui fonctionnent le mieux quand elles ont le matériel scolaire à temps pour la rentrée et des enseignants bien formés. Ces écoles pourraient, et souvent le font, fonctionner avec de bons résultats si les parents entouraient mieux leurs enfants, mais comme pour les « mud schools », ils sont plus préoccupés à savoir comment joindre les deux bouts que de savoir si les enfants ont fait leurs devoirs.
Souvent quand le quartier se préoccupe de la réussite scolaire des enfants et s’organise pour les aider, les résultats peuvent être très bons.Glenn Ashton dans un article publié par Sacsis (The South African Civil Society Information Service) donne l’exemple d’un shebeen (bar dans une township) du Cap transformé en salle de révision pour les examens avec un encadrement de volontaires.
Les anciennes écoles dites model C sont des écoles d’état mais qui ont des ressources supplémentaires en faisant payer des frais de scolarité qui peuvent aller jusqu’à 2500 rands par mois. Cet argent sert à payer des professeurs supplémentaires, à la création de bibliothèques, à l’organisation d’activités périscolaires. L’engagement des parents est le gage de la réussite des enfants.
Enfin tout en haut de l’échelle sociale, on trouve les écoles privées qui accueillent « la crème de la crème », les enfants de l’élite qui peut payer jusqu’à 10 000 rands par mois (le salaire d’un mineur est de l’ordre de 4500 rands par mois). Les enfants de la classe dirigeante fréquentent ce type d’école.
Le système éducatif sud-africain est le reflet des énormes inégalités sociales qui déchire la société sud-africaine. Comment combler le fossé entre l’école rurale ou celle d’une township qui manque de tables et de chaises et l’école privée aux pelouses parfaites où se promènent des enfants bien élevés en uniforme impeccable ?
La question scolaire ne pourra pas trouver de solutions sans l’engagement des parents, des enseignants, des autorités et d’une volonté politique. Comme la conclusion de l’article de Glenn Ashton le dit très bien : « améliorer le système, ce n’est pas seulement à « eux » de le faire, c’est une responsabilité collective ».
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