L’endettement des ménages a atteint des niveaux si élevés que le Ministre des Finances et l’Association des banques ont mis en garde contre les prêts irresponsables qui plongent les familles dans la spirale infernale du surendettement. Mais les prêteurs aux dents de requins n’en ont cure, même si l’éclatement de la bulle du crédit menace la société tout entière.
Depuis 1994 les ménages empruntent à tour de bras pour acheter une voiture, rénover leurs maisons, acheter des téléphones mobiles, bref tout ce que la société de consommation leur offre à grand renfort de publicité et ils trouvent pour satisfaire leur frénésie d’achats des banques qui prêtent à des taux d’intérêts astronomiques pouvant aller jusqu’à 30%.
Pour les plus pauvres, l’emprunt est nécessaire pour boucler les fins de mois et leur situation est particulièrement tragique. Le quotidien Daily Maverick a fait une enquête dans cette descente aux enfers.
On estime que 30 000 prêteurs surnommés les Mashonisas ce qui veut dire « sombrer » opèrent en toute illégalité. Si vous avez besoin d’argent pour une dépense imprévue ou tout simplement pour nourrir la famille le Mashonisa va prêter en liquide ce dont vous avez besoin et quand votre salaire arrive à la banque le requin qui a votre numéro de compte se rembourse capital et intérêts qui peuvent s’élever à 100 voire 200% ! Et vous devez empruntez à nouveau parce que votre salaire n’est plus qu’une peau de chagrin. Le piège fonctionne parfaitement.
Pour Stephen Logan un juriste spécialisé dans les crédits ces Mashonisas sont un véritable fléau. Il estime à 9 millions les personnes qui ne peuvent pas rembourser à temps leurs crédits et qui ont alors recours aux Mashonisas et si les taux légaux de crédit venaient à augmenter la masse des dettes accumulées serait alors insupportable.
L’économie qui stagne n’est guère favorable aux salariés qui voient leur pouvoir d’achat rogné par la hausse des prix de l’alimentation, de l’énergie, de l’eau. C’est l’une des causes occultées de la tragédie de Marikana : pour les mineurs et leurs familles la situation devenait intenable et les augmentations de salaires étaient nécessaires pour se maintenir la tête hors de l’eau et ne pas être submergés par les dettes et les retenues sur les salaires opérées par les Mashonisas.
Pour Thandiwe Zulu, responsable du Black Sash(une association de femmes) dans la province du Gauteng , ce n’est pas le crédit en soi qui est mauvais, mais le fait que les gens ne savent pas gérer leur budget, vivre dans la limite de leurs revenus et cèdent aux sirènes de la société de consommation. « Nous avons besoin d’éduquer les gens pour transformer leur comportement afin qu’il sachent gérer leur budget et ne tombent pas dans des situations impossibles ».
La question du surendettement des ménages est un problème délicat à résoudre et si ce problème s’ajoute à l’incompétence des municipalités à fournir les services de base, au chômage et aux promesses non tenues par un gouvernement qui promet beaucoup, la marmite sociale en surchauffe pourrait bien exploser rapidement.
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