Conférence de l’ANC : la seconde transition en question

Six mois avant la conférence qui désignera la nouvelle direction de l’Anc, le parti va tenir en ce mois de juin 2012 une conférence pour déterminer la future politique du parti. Le document soumis à la discussion a déjà suscité des réactions très critiques. La seconde transition ne soulève pas l’enthousiasme, mais les questions de fond pour réduire le chômage, la pauvreté et les inégalités ne pourront pas être évitées.

Le vice Président Kgalema Motlanthe en prenant la parole à un dîner donné en l’honneur d‘une grande figure de l’ANC, Harold Wolpe , a été très sévère envers ce nouveau slogan : la deuxième transition. « Cette seconde transition - d’où sort-elle ? vers quoi va-t-elle ? En quoi consistait la première transition ? Quelles étaient les tâches à accomplir pour cette étape ? Est ce qu’elles ont été accomplies ou pas ? Tout ça, c’est du verbiage marxiste ». Pour Kgalema Motlanthe, un des candidats possibles à la succession de Jacob Zuma , l’Anc a besoin d’un renouvellement profond pour appréhender la réalité du pays aujourd’hui. Les temps ont changé, les hommes aussi et le parti au lieu de se gargariser de mots creux ferait bien de voir la réalité en face.

Le président du Cosatu , Sduma Dlamini n’est pas plus enthousiaste : « la seconde transition manque de contenu. Qu’est ce que vous voulez dire par seconde transition et quels sont les éléments de cette seconde transition, quel est le programme de cette seconde transition ? ». La seconde transition d’après le document, consisterait à accomplir la transformation économique du pays, après la première transition qui était la transition politique. Mais le Cosatu ne se satisfait pas d’une vision aussi simpliste « Le Cosatu est très critique sur cette idée de dire que vous avez eu la liberté politique, et alors maintenant c’est bon, on ne parle plus de liberté politique, on parle de liberté économique ».

Les questions économiques sont au cœur des débats depuis longtemps et tout le monde sait que la transition négociée avant 1994 a ménagé les intérêts des capitalistes blancs et a laissé quasiment intacte la structure de la propriété des richesses du pays. La question aujourd’hui est de savoir quel sera le rôle de l’état sur l’économie. D’un côté il y a ceux qui sont pour la nationalisation des richesses nationales, les mines et la terre, et les plus virulents veulent le faire sans compensation et ceux qui sont pour un contrôle accru de l’état sur ces richesses et une transformation de l’économie reposant essentiellement sur une économie d’extraction vers une économie de transformation de ces richesses.

Pour les mines, la direction de l’Anc n’arrivera pas les mains vides avec le document intitulé Intervention de l’Etat dans le secteur minier (SIMS)qui propose des changements importants mais s’oppose tout à fait à la nationalisation. Le document Sims propose de taxer les super profits, de fixer les prix des « minerais stratégiques » comme le charbon, le fer et le platine essentiels à l’industrie. Ces propositions complètent et s’harmonisent avec le Nouveau plan de croissance du gouvernement.

L’emploi et la proposition d’une subvention pour aider à recruter des jeunes et la création d’emplois pour tous sera une autre question que les congressistes devront affronter, tout comme la question de la terre, des expropriations et des droits des communautés qui ont perdu leurs terres dès 1913 comme les Khoisan. Plus politiques viendront aussi les questions sur l’autonomie de la Ligue de la jeunesse ou sur la nouvelle loi sur les médias

Que l’on parle de « seconde transition » ou que l’on utilise un autre terme, l’Anc devra trancher sur des questions de fond et faire des choix vitaux pour le pays, pas seulement pour garder le pouvoir. Les querelles de personnes ou de factions sont le vrai danger à éviter sous peine de voir s’éloigner pour longtemps l’espoir d’une vie meilleure que beaucoup attendent toujours.

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