Le discours traditionnel du chef de l’État qui marque le retour à la vie politique après les longs congés d’été, a été bien accueilli par la plupart des observateurs qui ont souligné la sobriété du style et les propositions concrètes contenues dans les dix-huit pages du monologue présidentiel. Ces louanges ne cachent pas toutefois les oublis du Président.
Le Président a annoncé le lancement d’importants travaux d’infrastructures concernant les routes, le rail et l’eau pour la province du Limpopo ; l’extension du réseau ferré dans la province du Mpumalanga pour connecter les mines de charbon aux centrales électriques ; un corridor logistique pour relier les sites industriels des provinces du Gauteng et de l’État libre aux port de Durban ; un pôle de développement dans la province du Cap oriental pour améliorer les liens avec le Cap nord et le Kwazulu Natal et la construction d’un barrage sur la rivière Umzimbuvu. Beaucoup de ces grands travaux seront faits sur le territoire des anciens bantoustans ce qui devrait aussi créer des emplois dans ces zones pauvres.
Ces projets doivent stimuler l’activité économique en particulier dans les mines et l’agriculture grands réservoirs de main d’œuvre faiblement qualifiée. Des réductions des taxes portuaires devraient encourager les exportations, tout comme la volonté de contenir les augmentations du prix de l’électricité et d’assurer une production énergétique fiable. Le Président a pris soin de dire, sans s’attarder sur le sujet, que le gouvernement n’envisage pas de nationalisations des mines.
En ce qui concerne les emplois, le Président a promis « d’éliminer toutes les formes de pratiques abusives propres au travail précaire ». Une formule trop vague pour le Cosatu qui exige l’interdiction totale de ce genre d’emplois, plus proche de « l’esclavage » que d’un véritable emploi. Les propos présidentiels n’ont pas fléchi la détermination de la centrale syndicale d’appeler à la grève au mois de mars pour exiger cette interdiction.
La question du logement a été abordée avec une proposition positive qui devrait permettre à tous ceux qui gagnent trop pour avoir droit à un logement social et pas assez pour devenir propriétaire de pouvoir faire un emprunt auprès des banques.
Mais la question des services qui devraient améliorer la qualité de vie à des millions de gens n’a pas été abordée ce que regrettent de nombreuses organisations de la société civile. Rien sur les transports, regrette le Cosatu alors qu’il s’oppose au péage routier qui va ponctionner le porte monnaie des usagers de la route.
Peu de choses aussi sur la question de la terre, sinon pour constater que le principe basé sur la bonne volonté entre acheteur et vendeur n’a pas vraiment été un succès. Sur l’objectif de 30% des terres redistribuées en 2014, seulement 8% l’ont été et le Cosatu fait remarquer que seulement 72% des terres redistribuées sont laissées en friche.
Sur la santé et l’éducation, deux questions fondamentales pour la société sud-africaine, le Président se contente de noter les succès , qui sont réels mais laissent encore bien des questions non résolues. Pour l’éducation , s’il faut se réjouir de voir 70% des élèves réussir le "matric", plus de la moitié des élèves abandonnent avant.
Le Cosatu met aussi en garde sur la corruption qui pourrait exploser avec les nombreux appels d’offre pour les grands travaux qui ne vont pas manquer d’attirer les fameux "tenderpreneurs"plus occuper de se remplir les poches que de respecter le cahier des charges.
Si l’accent mis sur l’économie est salué positivement, beaucoup s’interrogent sur les retombées réelles et rapides pour les populations rurales, les citadins pauvres qui « cherchent à savoir comment ils vont remplir leur assiette cette année » et comment ces grands travaux vont vraiment avoir un impact sur la pauvreté, le chômage et les inégalités qui rongent la société sud-africaine.
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