L’ Afrique du Sud est un gros producteur agricole qui nourrit sa population et exporte ses produits. Mais les choses sont en train de changer et les plus pessimistes y voient déjà la menace d’une pénurie alimentaire, les plus optimistes une opportunité pour développer les petites exploitations vivrières. Les raisons de cette transformation du paysage agricole sont multiples.
L’Afrique du Sud est producteur de maïs, mais la récolte 2011 n’est que de 11 millions de tonnes contre 13 millions en 2010. Le maïs blanc est une denrée de base pour la grande majorité des sud-africains et 10 millions de tonnes sont nécessaires pour le marché intérieur, le reste étant exporté. Les pays importateurs de maïs sud-africain sont essentiellement les pays voisins, membres de l’union douanière d’Afrique australe, la Sacu. Mais cette année l’Afrique du Sud a du importer du maïs jaune de Roumanie.
Le pays est sur le point de devenir importateur de blé, de viande, de volaille et autres produits alimentaires qui ne sont plus produits localement. Le nombre de très grandes exploitations est passé de 120 000 en 1994 à 37 000 aujourd’hui. Ce type d’exploitations exigent beaucoup d’eau, d’engrais, d’électricité, de carburant dont les prix ont fortement augmentés, augmentations répercutées sur les prix à la consommation. La menace de la réforme agraire n’incite pas les exploitants à investir dans le matériel ou acheter de nouvelles terres.
Les nouveaux droits accordés aux ouvriers agricoles, salaires minimum, droit de se syndiquer sont vus comme autant de menaces par les exploitants qui avaient l’habitude d’être maitre absolu sur leurs terres. La nouvelle loi qui donne le droit aux ouvriers agricoles d’avoir leurs propres têtes de bétail, de cultiver pour leur consommation et de bâtir une maison sur les terres où ils travaillent est vue par certains grands exploitants comme un coup terrible porté au droit de propriété. Beaucoup envisagent d’aller dans d’autres pays africains, comme la RDC ou le Mozambique.
Pour le gouvernement cette loi ne fait que rendre justice à des millions de travailleurs qui ont été exploités, méprisés depuis trop longtemps. Cette loi a pour but de mettre un terme « à la cruauté » dont les ouvriers étaient victimes, et sont encore victimes, ouvriers qui pouvaient perdre emploi et toit du jour au lendemain et dont les protestations étaient reçues avec le plus grand mépris, souvent accompagnés d’un coup de fouet.
Pour faire face au risque de voir les exploitations péricliter, pour de nombreux experts le gouvernement devrait donner les moyens aux ouvriers de devenir exploitants agricoles. Les petites unités sont beaucoup plus productives que les grandes exploitations commerciales qui exigent des capitaux importants. Selon la formule de Tomich « quand on parle d’agriculture, grand ne veut pas dire meilleur « et la taille de la ferme est inversement proportionnelle au rendement. [1]
Depuis 1994, le gouvernement a pour mot d’ordre la lutte contre la pauvreté. La question est de savoir comment faire pour améliorer le sort des 16 millions de pauvres qui vivent en zone rurale et le million d’ouvriers agricoles qui travaillent dans les grandes exploitations blanches. Donner la possibilité à cette population de cultiver la terre et de produire assez pour se nourrir et vendre les surplus, vivre dignement sans être obligé d’aller grossir les rangs des ruraux qui s’entassent misérablement en périphérie des villes pourrait être la réponse au défi de du chômage, de la pauvreté et de la sécurité alimentaire,
[1] Université de Pretoria
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