Afrique du Sud : opposition massive à la nouvelle loi sur la presse

Le Parlement sud-africain a adopté la nouvelle loi sur la presse qui fait débat depuis des mois. Ceux qui s’opposent à cette loi y voient un retour à la censure, l’intimidation des journalistes et un grave danger pour la liberté d’expression et la vie démocratique du pays.

Le matin même du vote au Parlement, le mardi 22 novembre les quotidiens The Times ; Daily Dispatch ; Sowetan ; Beeld ; The Star ; The Herald ; The Witness ; Cape Times ; Volksblad ; Die Burger ; The Mercury ; Pretoria News ; Daily Sun et Son avaient publié le même éditorial qui demandait aux parlementaires de rejeter cette loi liberticide. Devant le Parlement des manifestants habillés de noir dénonçaient les dangers de cette loi pour la liberté de la presse comme ceux qui se massaient dans la galerie réservée au public à l’intérieur du bâtiment.

Le noir était un rappel symbolique du « mercredi noir » le mercredi 19 octobre 1977 quand le régime d’apartheid avait interdit de publication de deux journaux et emprisonné des journalistes, une escalade de plus aux multiples restrictions à la liberté de la presse de l’époque.

La loi sur la Protection des informations d’Etat ou « loi sur le secret » a été adoptée par 229 voix contre 107 et deux abstentions. Elle doit maintenant être adoptée par le Conseil provincial avant d’être signée par le Président de la République pour devenir effective, mais les opposants ont la ferme intention de déposer un recours devant la cour constitutionnelle pour obtenir son retrait comme contraire à la constitution qui garantit le droit d’expression et le droit à l’information.

Selon la nouvelle loi les journalistes qui divulgueraient des informations « sensibles » portant atteinte au secret d’Etat risquent jusqu’à 5 ans de prison. Beaucoup craignent que cette loi empêche toute dénonciation de corruption ou même toute critique du gouvernement. La campagne Right2know (Le droit de savoir) fait campagne depuis des mois pour dénoncer les dangers de cette loi qui restreint le droit à l’information.

Comme pour illustrer ces craintes, le Mail & Guardian vient d’avoir quelques problèmes à la suite d’une information publiée dans ces colonnes qui touche de près le porte-parole du Président, Mac Maharaj qui aurait touché, alors qu’il était ministre des Transports, la coquette somme de 1,2 millions de francs de la part de l’entreprise française Thalès pour gagner un appel d’offre public. La somme aurait été versée au nom de sa femme sur un compte à l’étranger.

Jamais depuis 1994 l’opposition à une loi n’avait réuni autant de citoyens sud-africains. Nadine Gordimer , Desmond Tutu , des syndicats du Cosatu, des organisations comme Tac, Equal Education, la Fondation Mandela, tous les partis d’opposition, tous dénoncent les dangers qui menacent une liberté chèrement acquise il y a seulement 17 ans.

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