La jeunesse sud-africaine peut-elle modifier la politique du gouvernement ?

La Ligue de la jeunesse de l’Anc a réussi son pari d’organiser une marche pour la « liberté économique » et les jeunes communistes ont tenu une conférence sur l’emploi ces derniers jours. Leur message a été écouté, leur mémorandum lu, reste à voir dans quelle mesure leurs demandes seront prises en compte par le gouvernement et la classe politique sud–africaine.

La sonnette d’alarme est agitée depuis longtemps : le chômage des jeunes est une bombe à retardement dont nul ne peut prévoir l’ampleur de la déflagration si elle survient. Ces jeunes qui ne voient rien venir, qui n’ont plus la lutte contre l’apartheid comme exutoire, pour qui les hauts faits des combattants de la liberté ne frappent plus leur imagination, les « born free » ne supportent plus d’attendre des jours meilleurs et ils veulent des mesures radicales de changement.

Julius Malema, l’agitateur et le provocateur a, en dépit de la mesure disciplinaire qui plane sur lui, réussi à faire marcher pendant plus de huit heures, une foule de jeunes de Johannesburg à Pretoria pour réclamer « la liberté économique ». Cette marche n’a pourtant pas manqué de détracteurs. L’Anc hostile au début, a su négocier son soutien en fournissant policiers et en imposant un parcours et des mots d’ordre qui ne le mettaient pas ouvertement en cause. Le Cosatu n’a pas soutenu la marche et le Sacp a dénigré la marche en déclarant qu’elle servait plutôt les intérêts de Julius Malema que ceux des jeunes.

Les jeunes communistes en organisant trois jours de débats et discussions autour de la question de la création d’emplois et de la répartition des richesses entendait justifier ainsi son refus de participer à la marche organisé par la Ligue de la jeunesse de l’Anc.

L’une et l’autre organisation de la jeunesse sud-africaine ont réussi à faire entendre leurs voix. La Chambre des mines a reconnu que « la pauvreté et les inégalités étaient trop fortes » et se dit prête à créer 140 000 emplois dans les mines à condition que le gouvernement accorde les licences pour l’ouverture de nouvelles mines et veille aux infrastructures nécessaires. Mais le patron de la Chambre des mines a été très clair sur les nationalisations : « Nous pouvons, nous devons et c’est une obligation, amender notre économie par d’autres moyens que les nationalisations ».

Les marcheurs pour la liberté économique avaient prévu de rejoindre Pretoria et donner directement au Président Zuma une liste de leurs revendications : création d’emplois, nationalisation des mines, redistribution et expropriation des terres sans compensation, fin de la pratique de la sous-traitance. Le scénario avait été modifié et c’est le Ministre de l’agriculture qui a reçu la délégation et le mémorandum des jeunes.

De leur côté, les jeunes communistes ont insisté sur la nécessité de l’éducation qui permettra aux jeunes de maitriser leur avenir. Au passage ils ont fustigé les nouveaux riches, les tenderpreneurs pour qui l’argent facile remplace toute morale. Les ténors du parti avaient aussi mis au pilori ces nouveaux patrons noirs qui ne connaissent rien au monde des affaires et mènent leurs entreprises à la faillite.

Nul doute que l’emploi, l’éducation et une répartition plus juste des richesses sont les priorités du moment et les jeunes n’ont rien fait de plus que le dire plus fort. La question est de savoir si le gouvernement a la volonté et les moyens d’apporter des réponses concrètes aux problèmes du pays.

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