Le projet d’autoroutes urbaines à péage a provoqué un tollé général, mais la question des transports va bien au-delà d’une taxe de circulation pour les véhicules. Le manque de transports publics, le réseau routier insuffisant sont des héritages de l’apartheid moins évidents que le manque de logements ou d’écoles, mais essentiels au développement du pays.
Pour une fois tout le monde se retrouve pour dénoncer le projet d’autoroutes à péage dans les provinces du Gauteng et du Cap occidental. L’Alliance démocratique distribue autocollants, T-shirts et autres signes de protestation pour dire haut et clair que ce projet est une attaque directe contre le niveau de vie des classes moyennes. Le Cosatu et le Sacp et l’Anc disent eux aussi que c’est une ponction inacceptable dans le portefeuille des automobilistes.
Mais là où les opinions divergent, c’est que posséder une automobile exige un certain niveau de vie que beaucoup de Sud-Africains n’ont pas. Satawu, le syndicat des transports qui anime un mois de campagne pour des transports sûrs et bon marché note que seulement 30% des foyers disposent d’un véhicule.
Le coûteux projet pour améliorer l ‘autoroute urbaine dans le Gauteng, déjà plus de 20 milliards de rands ont été dépensés pour la construction des péages dont personne ne veut, vise certes à améliorer la circulation entre Johannesburg et Pretoria, mais seulement 2% des transports publics empruntent cette voie.
Le Ministre adjoint des transports a soulevé une question de fond : qui décide de la construction des autoroutes et péages Sanral ou le gouvernement ? Et de constater que ce sont les ingénieurs de la Société qui décident et que le choix n’est plus politique mais technique, ce qu’il déplore.
Sanral, l’Agence sud africaine des routes, répond aux critiques en affirmant qu‘elle ne fait que répondre au mandat que lui confie le gouvernement et que les péages sont un moyen de collecter l’argent nécessaire à l’entretien des routes. Si on abandonne l’idée des péages, il faudra trouver des financements ailleurs. De nouvelles taxes sur les carburants ne sont pas à exclure.
La question est de savoir quelles sont les priorités du gouvernement. Améliorer la sécurité des autoroutes empruntées par ceux qui en ont les moyens ? Ou bien améliorer les routes qui desservent les townships et les zones rurales qui sont trop souvent des chemins de terre boueux à la saison des pluies ? Améliorer la sécurité routière pour diminuer le nombre de victimes particulièrement élevé ? Mettre en place un système de transports publics aux tarifs abordables pour les plus humbles et qui mènent les passagers sains et saufs à destination ?
Péage ou pas péage, il faudra bien trouver des réponses à tous ces problèmes des déplacements quotidiens dans un pays où l’apartheid a mis des distances géographiques entre les races et créer un système routier permettant les échanges et le développement du pays et de la région.
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