La crise de l’éducation en Afrique du Sud

On ne dira jamais assez combien l’héritage de « l’éducation bantoue » pèse sur le développement d’une éducation de qualité capable de fournir à l’Afrique du Sud les ressources humaines qualifiées indispensables à son développement et son économie. Deux personnalités Mary Metcalfe, ancienne Ministre de l’éducation et Naledi Pandor, Ministre des sciences et technologies, reviennent sur cette question fondamentale pour l’avenir du pays sous des éclairages différents.

Dans le quotidien Sowetan, Mary Metcalfe revient sur la formation des enseignants et de l’encadrement, clé de voûte, pour mener les élèves à la réussite. Le constat qu’elle fait est mauvais : l’école sud-africaine produit des chômeurs sans qualification.

La cause de cet échec et de la perte de confiance du public dans les enseignants reflétent la négligence coupable accordée à la formation des enseignants. Les efforts fournis depuis 1994 pour scolariser un plus grand nombre d’enfants restent sans grands effets parce que les maîtres n’ont pas la formation requise pour enseigner autrement et enseigner des matières nouvelles.

Les inégalités entre pauvres et riches, entre noirs et blancs, entre zones rurales et zones urbaines se perpétuent, pour la grande frustration des jeunes, des parents et des enseignants. Mary Metcalfe soutient que « toutes les interventions dans le système éducatif doivent avoir pour seul objectif d’améliorer le travail des enseignants dans les salles de classe ».

Former des enseignants exige le savoir et la pédagogie. Rien ne sert d’avoir de nouveaux programmes si les maîtres sont incompétents ou de recruter de nouveaux enseignants si on ne leur propose pas une formation adéquate et ensuite un encadrement sérieux tout au long de leur carrière. « Plus d’accès dans les classes n’a pas améliorer l’accès à un enseignement de qualité ».

L’ancien ministre pointe du doigt l’échec de l’administration à fournir aux enseignants le soutien dont ils ont besoin pour bien faire leur métier. Trop souvent l’incompétence et l’autoritarisme du personnel administratif a crée des tensions nuisibles au bon fonctionnement de l’institution. Ce qu’il faudrait pour sortir le système éducatif sud-africain de sa médiocrité et des disfonctionnements serait une bonne relation entre les syndicats d’enseignants, les services du ministère de l’éducation, le Conseil des éducateurs. Tous ont d’ailleurs reconnu la nécessité de ce travail de coordination pour améliorer la situation.

Un nouveau plan place la formation des enseignants au cœur du processus dès cette année, mais il est évident que les résultats prendront du temps à se concrétiser.

Naledi Pandor, Ministre des sciences et technologies, dans la publication hebdomadaire de l’Anc revient sur la nécessité pour le continent africain de produire des élites scientifiques sans lesquelles le continent ne peut pas décoller économiquement.

Il ne s’agit pas seulement d’offrir à quelques individus la possibilité d’accéder à des diplômes prestigieux, mais de fournir un personnel qualifié à tous les niveaux pour mieux répondre à des problèmes quotidiens comme la santé, la nutrition, l’accès à l’eau potable, à une source d’énergie non polluante et promouvoir un développement répondant aux besoins des populations.

La mise en commun des efforts pour produire du personnel hautement qualifié est une nécessité au plan régional et au plan du continent tout entier pour relever les défis de la mondialisation.

Il faut renverser la tendance de voir les jeunes doctorants partir à l’étranger pour finir leur thèse et mettre un terme à la fuite des cerveaux des pays en voie de développement vers les pays développés.

En 2010, l’Académie des sciences d’Afrique du Sud a publié une étude sur les titulaires d’un doctorat scientifique qui met en lumière les défauts du système. Le nombre de docteurs en sciences reste modeste, 1274 en 2007 dont près de 30% venus du reste du continent. Seulement 12% d’entre eux étaient âgés de moins de 30 ans et un tiers du personnel enseignant et de recherche des universités sont titulaires d’un doctorat. La Ministre note surtout que sur le marché du travail, ces personnels manquent de connaissances au plan international et de savoir faire utilisable directement dans une entreprise.

Le gouvernement veut faire de la création d’emplois la pierre angulaire de sa politique pour les années à venir. Il est clair que cette politique doit aller de pair avec une amélioration spectaculaire du système éducatif à tous les niveaux.

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