Un adjectif en plus ou en moins a suffit à enflammer le débat sur la création d’emplois qui est au cœur de la politique économique sud-africaine. « Decent jobs » ou simplement « jobs » ? Un vrai boulot ou un petit boulot ? Le débat ne fait que commencer.
Le chômage ronge la société sud-africaine et la création d’emplois est une nécessité absolue. Le programme électoral de l’Anc en 2009 avait fait de la création de vrais emplois, « decent jobs », sa priorité. Avec le nouveau plan de croissance NGP l’accent est mis sur la création d’emplois, sans qualificatif. Le plan prévoit la création de 5 millions d’emplois d’ici 2020. Récemment le secrétaire de l’Anc , a mis de l’huile sur le feu en déclarant que c’était mettre la « charrue avant les bœufs » de parler de vrais emplois alors qu’il faut d’abord créer des emplois car rien n’est plus indigne que d’être chômeur.
Au cours d’une conférence, la Ministre du travail est revenue sur cette épineuse question en déclarant que si l’objectif du gouvernement était bien d’adopter un cadre législatif pour la « création de vrais emplois », elle a ajouté qu’il fallait aussi avoir à l’esprit le contexte mondial et la situation particulière de l’Afrique du Sud caractérisée par le pauvreté, les inégalités et le niveau de l ‘éducation. Pressée de questions par les syndicalistes, le ton a monté au point que la presse a été invitée à quitter la salle.
Quand 6,4 millions de Sud-africains sont à la recherche d’un emploi, qu’un million d’emplois ont été perdus en 2010, que les patrons chinois du textile menacent de délocaliser leurs entreprises dans les pays voisins, Swaziland et Lesotho, où la main d’œuvre est moins chère et la législation plus souple, voire inexistante, la question dépasse l’utilisation ou non de l’adjectif « decent ».
La Ministre a enfoncé le clou en déclarant que la création d’emplois était non seulement la priorité du gouvernement, mais qu’elle devait aussi être celle des partenaires sociaux. Quand on sait que les syndicats ont déclaré la guerre aux emplois précaires et au système de sous-traitance qu’ils qualifient d’esclavage moderne, la notion d’emploi garantissant un salaire minimum et de bonnes conditions de travail, prend tout son sens.
Au cours de la prochaine session parlementaire, le ministère du travail va proposer toute une série d’amendements à la législation actuelle du travail. Il est aussi prévu de renforcer l’inspection du travail et d’alourdir les pénalités pour le non respect de la législation.
Le gouvernement qui veut des résultats concrets rapidement a sommé les gouvernements provinciaux de fournir leur plan d’action pour la création d’emplois. Mais de nombreux analystes qui reconnaissent le bien fondé de la politique volontariste du gouvernement pour la création d’emplois pointent aussi les obstacles à surmonter.
Comment faire respecter les droits des travailleurs saisonniers dans des secteurs comme l’agriculture ou des emplois à temps partiels comme les emplois domestiques ? Comment le gouvernement peut-il favoriser le dialogue social entre patronat et syndicats ? Quel rôle l’état peut-il jouer pour créer des emplois ? Les électeurs jugeront selon les réponses concrètes qui seront données dans les mois à venir.
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