La question de l’eau en Afrique du Sud est l’une des plus épineuse à régler. Elle est relativement peu abondante et les activités humaines l’ont utilisée à tort et à travers depuis des décennies, sans aucun souci de la préserver ou de la partager équitablement. La quantité n’est qu’un aspect de la question car la qualité est maintenant une préoccupation majeure.
Au temps de l’apartheid, l’eau appartenait à ceux qui avaient le droit de propriété et le pouvoir. Les fermiers blancs n’hésitaient pas à utiliser l’eau des cours d’eau pour leurs exploitations agricoles sans se préoccuper des populations qui vivaient là. Les compagnies minières ont rejeté dans la nature des eaux acides et polluées sans se soucier de l’impact catastrophique sur l’environnement.
À partir de 1994, le nouveau gouvernement démocratique a mis en chantier une réforme complète de la gestion de l’eau et une nouvelle législation a depuis été adoptée et mise en application. Alors qu’avant 1994 à peine 40% de la population avait accès à l’eau potable, en 2007 ce pourcentage est passé à 87% . Si l’amélioration quantitative est remarquable, les problèmes sont loin d’être tous résolus en ce qui concerne la qualité de l’eau.
Dans la province du Gauteng, les autorités sont inquiètes de la pollution des nappes d’eau par l’exploitation des mines. Ces eaux acides, polluées par des métaux lourds risquent à tout moment, surtout en cas de fortes pluies de se déverser dans les rivières et de contaminer l’eau destinée à la consommation et à l’agriculture. Ce qui n’empêche pas l’avancée d’un projet dans la province du Limpopo, où le manque d’eau freine l’exploitation de nouvelles mines, pour fournir l’eau nécessaire à l’industrie minière, créatrice d’emplois. Le projet prévoit aussi une amélioration de l’accès à l’eau pour les populations de la province.
En 2009, le rapport Green Drop avait jeté un cri d’alarme sur la qualité de l’eau en constatant que sur les 900 stations d’épuration, plus de la moitié ne fonctionnaient pas aux normes requises. Le danger est sérieux pour la population car l’eau contient des éléments pathogènes, en plus les fermiers qui utilisent cette eau pour arroser leurs champs contaminent leurs productions. Celles qui sont destinées à l’exportation vers l’Union européenne risquent d’être rejetées pour non-conformité aux normes sanitaires en vigueur.
Ces produits pourraient alors être vendus localement ce qui n’est guère rassurant pour les super marchés locaux eux aussi inquiets de cette situation car ils ne veulent pas vendre des produits frais dangereux pour la santé. Le syndicat des agriculteurs du Transvaal note avec inquiétude que l’eau dont ils se servent est polluée non seulement à cause d’un mauvais traitement des eaux usées mais aussi par les industries et leur propre méthode d’agriculture extensive. Pour détruire les bactéries qui se déposent à la surface des fruits et légumes , il existe des traitements possibles après la récolte mais ils sont très coûteux.
Pour améliorer la qualité de l’eau il faut une surveillance permanente avec du personnel spécialisé et c’est ce qui manque le plus. Au cours d’une conférence scientifique sur l’eau, les spécialistes sud-africains de l’eau ont lancé un cri d’alarme. Sur 586 retenues d’eau, 31 sont envahies par les algues toxiques et 45 autres sont en danger d’être aussi touchées par le phénomène d’eutrophisation. En dépit des risques considérables que la mauvaise qualité de l’eau fait courir à la population, comme à l’économie du pays, les vocations scientifiques ne sont guère encouragées par le gouvernement.
Les responsables au gouvernement semblent plus préoccupés par la quantité d’eau disponible que par sa qualité au grand dam des spécialistes. En 1987, un des plus prestigieux centre de recherches sur l’eau a été fermé ce qui a affecté les vocations de futurs chercheurs et spécialistes de l’eau.
Aujourd’hui au sein du CSIR, le Conseil pour la recherche scientifique et industriel, le centre de recherches sur l’eau est très actif, mais selon le Dr Bob Scholes il devrait être davantage orienté sur la problématique de l’utilisation de l’eau. La pauvreté du nombre de chercheurs et scientifiques sur les questions de l’eau se reflète aussi dans le faible nombre de travaux de recherches publiés ces dernières années, seulement 27 entre 2004 et 2008.
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