Liberté de la presse : le President Zuma entre dans le débat

Après les démêlés de la Ligue de la jeunesse avec la presse, l’annonce par l’Anc de mettre en place un tribunal pour les médias et la récente arrestation musclée d’un journaliste, les relations de la presse et du pouvoir sont plus que tendues. Dans le dernier numéro du journal de l’Anc, le Président Zuma se livre à une longue analyse de la situation et tente de remettre la crise actuelle dans son contexte.

La Constitution de 1996 est garante de la liberté d’expression et des médias et ni le gouvernement, ou ni aucune autre autorité ne peut restreindre ce droit. Mais la question est de savoir comment ce droit s’exerce, s’il est au service de la nation et des citoyens, si les médias sont simples spectateurs ou bien s’ils ont des intérêts propres à défendre.

Le Président dénonce avec véhémence ceux qui comparent l’idée de mettre en place un tribunal pour les médias (Media Appeals Tribunal) avec un retour aux pratiques de la censure au temps de l’apartheid ou bien ceux qui accusent l’Anc de n’avoir ni moral, ni valeurs en voulant protéger ses cadres dans des affaires douteuses, en particulier les affaires de corruption.

La liberté de la presse est un sujet délicat dans toute démocratie et doit être abordé sans invectives, ni accusations sans fondement. Si la presse est protégée par la constitution, elle doit elle-même respecter cette constitution qui garantit sa liberté et celle de tous les citoyens.

La question est donc de savoir comment liberté de la presse et liberté individuelle s’articulent dans le respect des droits de chacun. Mais qui peut contrôler que cet équilibre est respecté ? d’où l’idée de ce tribunal qui pourrait trancher en cas de litige.

L’autre argument qui est avancé, c’est que la presse qui est toujours aux mains de groupes qui ont des intérêts financiers et commerciaux ne reflète pas la vie et les aspirations de toutes les couches de la société sud-africaine dont une grande partie ne lit pas les journaux et n’a pas non plus toujours accès à la télévision ou même à la radio.

Les médias, c’est aussi une affaire d’argent, de financement, de bénéfices, d’audience et de parts de marché. La question de la liberté de la presse est aussi celle de savoir qui paye et quelles pressions sont exercées pour atteindre des objectifs financiers.

Le Président réaffirme que l’Anc ne « pose aucune menace aux médias. Ce n’est pas dans son intérêt de le faire » et que la proposition faite par l’Anc de mettre en place un tribunal pour les médias n’a pas d’autre but que d’assurer la liberté de chacun dans le cadre de la constitution et de démocratiser tous les aspects de la société sud-africaine.

Le ton se veut apaisant, mais est-ce suffisant pour calmer les inquiétudes des journalistes victimes d’agressions verbales ou physiques ces dernières semaines ? si la nouvelle législation est adoptée, les journalistes qui divulgueraient des informations « classées confidentielles » risquent jusqu’à 25 ans de prison. Le débat sur la liberté de la presse semble nécessaire plus que jamais et il ne fait que commencer.

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