Réactions diverses au budget 2010 pour l’Afrique du Sud

Le Ministre des finances, Pravin Gordhan a présenté le budget pour 2010 devant les parlementaires. Les réactions sont diverses et vont d’une approbation partagée par tous pour le respect des priorités définies dans le discours du Président Zuma, jusqu’à un franc rejet qui compare ce budget « au même mauvais vin mis dans une bouteille neuve avec une nouvelle étiquette ».

Le commentaire fait par la coalition, People’s Budget Coalition, qui regroupe les syndicats, le conseil des églises et diverses associations, résume assez bien le sentiment général. Dans un premier temps, la coalition se réjouit du maintien des cinq secteurs prioritaires définis par le manifeste de l’Anc , c’est-à-dire : la création d’emplois, l’éducation, la santé, le développement rural et la réforme agraire, la lutte contre la criminalité et la corruption, mais dénonce la politique monétaire et fiscale qui pénalise les plus pauvres et freine le développement industriel.

En ce qui concerne la santé, les associations TAC et ALP notent qu’un pas en avant à été fait pour lutter contre la pandémie du sida et ils notent avec satisfaction que le gouvernement va débloquer les fonds nécessaires pour que 2,1 millions de patients soient traités par les antirétroviraux d’ici 2013. Mais, échaudés par le passé, ils attendent prudemment de voir comment les projets gouvernementaux seront répercutés sur le terrain dans chaque province. La priorité donnée à la lutte contre le sida a toutefois un point noir : la mise à l ‘écart de la lutte contre la tuberculose, maladie endémique en Afrique du Sud qui touche aussi les malades infectés par le virus du sida.

La déception est grande pour l’ensemble des acteurs sociaux de voir que « le Ministre n’a pas bougé d’un pouce de la politique monétaire des gouvernements précédents ». Ils dénoncent tous la politique de la Banque centrale qui maintient des taux d’intérêt élevés et son obsession du contrôle de l’inflation qui freinent la création d’emplois.

Pourtant le manifeste de Polokwane fait de la création d’emploi une priorité absolue. Pour un pays qui connaît un taux de chômage qui atteint 40% , où les jeunes ont peu de chances de trouver un emploi à la sortie de l’école, où la pauvreté est le lot de la majorité de la population, créer des emplois avec des salaires décents est une nécessité absolue sous peine de voir une explosion sociale.

La coalition a aussi une réaction prudente à l’annonce de mesures spéciales pour les entreprises qui embaucheront des jeunes sans qualification et attend des précisions. Tout le monde a noté avec satisfaction que le Ministre a fait référence aux grosses inégalités de la société sud-africaine. Alors que les salaires des travailleurs ont eu tendance à stagner ces 10 dernières années, les salaires des PDG et chefs d’entreprises ont vertigineusement progressé. La coalition propose une taxation plus importante pour ceux qui ont les hauts revenus.

La note discordante dans ces commentaires plutôt bienveillants dans leur ensemble vient du Sasco, le syndicat des étudiants, qui ne voit là qu’une vieille recette d’une politique budgétaire qui a montré sa nocivité pour les plus pauvres. « Encore une fois les pauvres vont regarder passer le train des richesses ».

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