Le budget et la lutte contre le sida

Le budget présenté à mi-mandat par le Ministre des finances Pravin Gordhan a été salué comme un budget qui respectait les promesses faites par Jacob Zuma et les secteurs identifiés comme prioritaires. L’association Treatment Action Campaign qui mène depuis des années une lutte acharnée pour sauver, aider, conseiller les malades contaminés par le VIH Sida et leurs familles, exprime sa satisfaction de voir le gouvernement s’engager enfin dans la lutte contre une pandémie qui a fait des milliers de morts.

Jacob Zuma vient de faire selon TAC, le discours le plus important jamais fait en ce qui concerne la réalité de la situation du pays face à la pandémie du sida. Avec soulagement, TAC salue ce discours qui « ouvre une ère nouvelle » après des années de déni de la réalité de la maladie, de ses origines et des ravages qu’elle a faits dans le pays.

Dans son discours, Jacob Zuma reconnaît que jusqu’à présent le gouvernement n‘a pas fait les efforts nécessaires pour enrayer l’épidémie à cause de la position de déni de l’ancien président Thabo Mbeki et de sa Ministre de la santé. La peur et la honte qui entouraient la maladie a freiné les initiatives pour son dépistage et sa prévention.

Favoriser un nouveau comportement face à la maladie devrait réduire de moitié le taux des nouvelles infections d’ici 2011 selon le Plan national stratégique de lutte contre le Vih/sida. Pour changer le cours des choses, le changement de comportement des citoyens doit aller de pair avec une volonté politique. Le changement de comportement doit être facilité par un accès plus grand aux services de prévention et la réduction de la vulnérabilité à l’infection. Il faut convertir le savoir et le savoir faire des scientifiques, des personnels de santé et des milliers de militants volontaires dans des changements de comportement pour surmonter la peur et la honte qui ont favorisé la propagation de l’épidémie dans toute la société sud-africaine.

Tout en saluant ce tournant décisif dans la volonté politique de lutter contre la maladie, pour TAC de nombreux défis restent encore à relever. Y aura-t-il assez d’argent disponible ? les moyens de contrôle efficaces seront-ils mis en place ? les banques de données fiables seront-elles disponibles aux divers services de lutte contre la maladie ? les médicaments seront-ils accessibles à tous de manière continue ?

Dans la présentation de son budget supplémentaire, Pravin Gordhan a alloué 900 millions de rands supplémentaires pour couvrir les programmes de lutte contre le sida d’ici à fin de l’année budgétaire (avril 2010). 213 millions ont été ajoutés pour les vaccinations contre la rougeole et la grippe.Les aides accordées pour la lutte contre le sida vont augmenter de 19 % chaque année d’ici 2013. Cela comprend les antitrétroviraux, les préservatifs, les dépistages, les conseils et des salaires.

Pour que cet argent soit utilisé efficacement il faut avoir des données fiables, or elles font cruellement défaut. Le ministère de la santé ne dispose pas de données chiffrées exactes du nombre de malades qui reçoivent un traitement par les antirétroviraux, La situation est pire en ce qui concerne le traitement pour prévenir la transmission de la maladie de la mère à l’enfant.

À cause de ce manque de données, des provinces comme l’Etat libre et le Kwazulu-Natal ont décidé un moratoire sur l’administration des traitements aux malades. Le résultat est désastreux. Des malades sous traitement ont dû arrêter leur traitement et l’attente pour les nouveaux malades pour recevoir le traitement est d’environ quatre mois. Selon le Plan national, environ 800 000 malades sont sous traitement, mais ce ne sont que des estimations et l’appel d’offre pour l’achat des médicaments se fait selon ces estimations et ne sont pas les quantités réelles de médicaments achetés, d’où des ruptures de stocks catastrophiques pour les malades.

S’il y a bien un virage pris dans la lutte contre le sida avec une volonté politique clairement affirmée, il va falloir que cette volonté trouve son expression pratique pour enrayer une pandémie qui fait des ravages depuis des décennies et détruit sournoisement le tissu social et économique du pays. Source TAC

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