Afrique du Sud : et maintenant, il faut gouverner

Après l’euphorie de la victoire, l ‘Anc va devoir se mettre au travail et répondre aux attentes de la masse des électeurs qui lui ont fait confiance. Finies les envolées lyriques des promesses électorales, les chants et danses de la victoire, le Président élu et son équipe vont vite retrouver l’austérité des dossiers urgents à traiter.

Avec plus d’un million de votants qu’en 2004 et 65,9% des voix, l’Anc fait mieux qu’en 1994 où 62,65% des électeurs avaient voté pour Nelson Mandela et son parti. Ce qui semble prouver que la pratique démocratique d’élections régulières, justes et libres est devenu la pratique courante de la jeune démocratie sud -africaine.

La bonne performance de l’Alliance démocratique d’Helen Zille, l’apparition du Cope le nouveau parti issu des rangs ANC va remodeler la configuration du Parlement et donner une nouvelle vigueur à l’opposition et éloigner le spectre d’un pays à parti unique, ce qui a trop souvent ouvert la porte à des dérives de népotisme et autoritarisme.

Les grands perdants de ces élections sont les autres partis qui voient leurs électeurs se tourner vers d’autres choix. L’Inkatha Freedom Party n’a pas pu résister à l’influence séduisante de Jacob Zuma, le « Zulu boy » qui a engrangé les voix pour l’Anc. Le parti des Démocrates indépendants n’a pas su s’imposer face au DA qui lui dispute les voix de la population métisse et le Parti chrétien-démocrate unifié de Luca Mangope se voit devancé par le nouveau parti Cope dans plusieurs provinces.

Une nouvelle configuration politique est sortie des urnes et pour Tony Leon, ancien dirigeant de l’Alliance démocratique, Jacob Zuma a su mener la campagne électorale en chef de parti et en fustigeant « le règne de l’erreur » du gouvernement de Thabo Mbeki, dont l’arrogance et la froideur ont capitulé devant le charisme et l’intelligence politique du futur président.

Le vote massif pour l’Anc n’est pas un chèque blanc. Il démontre tout au contraire la maturité politique des citoyens Sud- africains qui ont donné un mandat clair à la nouvelle équipe dirigeante : trouver des solutions aux problèmes sociaux qui ravagent le pays. La campagne anti-ANC de tous les autres partis n’a pas entamé la confiance des électeurs envers l’ANC parce qu’ils savent de longue date que l’Anc sera le meilleur défenseur de leurs intérêts, mais ils sont prêts à retirer cette confiance si leurs intérêts sont trahis. C’est ainsi qu’il faut comprendre le soutien du Cosatu. Comme le dit Neil Coleman « les électeurs ne sont pas du bétail » mais des citoyens qui ont exprimé leur choix.

La peur de voir l’Anc modifier la constitution ou de voir arriver le « temps des copains « a été clairement démenti par plusieurs dirigeants de l’Anc et Jacob Zuma lui-même : "il n’y aura pas de faveurs et pas d’amis " dans son gouvernement. Le choix se fera selon les capacités et l’expérience. Le meilleur exemple est le choix probable de Trevor Manuel à un poste clé pour les finances et le maintien de Barbara Hogan à la santé.

Après les cérémonies officielles, la mise en place du Parlement, le choix des membres du gouvernement, le travail ne manquera pas car l’Anc devra tenir compte de l’enthousiasme de ses électeurs et avoir une politique à la hauteur de leurs espérances.

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