Journée des Femmes d’ Afrique du Sud

Comme chaque année depuis la mémorable manifestation des femmes devant le siège du gouvernement à Pretoria en 1956, les femmes sont à l’honneur le 9 août. C’est le moment aussi de commenter les statistiques et de comparer les résultats atteints et le but fixé de la complète parité dans toutes les sphères de la société.

Dès la préparation des premières élections libres et démocratiques en 1994, l’Anc avait décidé que les femmes devaient compter pour au moins 30 % des candidats. Après les élections, 28% de femmes étaient élues parlementaires et siégeaient à l’Assemblée nationale. Ce pourcentage a augmenté à chaque élection et après les élections de 2004, l’Assemblée nationale compte 32,75 % de femmes, ce qui place l’Afrique du Sud parmi les 10 premiers pays pour la représentation des femmes dans les parlements nationaux.

Au niveau local, après les élections de 2006, le nombre de femmes élues a atteint 40% et sur le nombre total de femmes élues, 79% sont des femmes de l’ANC. Ces résultats sont le résultat d’une stratégie volontariste des quotas. À la dernière conférence de l’ANC à Polokwane l’objectif a été fixé d’atteindre la complète parité dans les institutions du parti ; la conséquence immédiate de cette volonté fait qu’aujourd’hui femmes et hommes sont à égalité au Comité national exécutif (NEC) et au Comité national de travail (NWC).

L’expérience de la politique des quotas qui remonte à plus de dix ans a montré que ce mécanisme était efficace pour accroître la participation des femmes dans les instances dirigeantes du parti, autrefois entièrement dominé par les hommes.

La politique des quotas a fait reculer la conception classique de l’égalité entre hommes et femmes qui voulait qu’une fois le droit de vote accordé aux femmes, celles-ci n’avaient plus qu’à faire la preuve de leurs capacités. Or dans un monde dominé par les hommes, cette « égalité » était un leurre.

La plate-forme adoptée à Beijing en 1985 montre que l’égalité des chances n’existe pas tant que des mesures concrètes ne sont pas mises en action pour déjouer les discriminations de toutes sortes dont les femmes sont victimes. Les quotas sont un de ces outils qui permettent aux femmes de franchir des barrières, infranchissables par leur seule bonne volonté.

Si les femmes sud-africaines ont réussi à imposer leur présence dans la sphère politique, leur réussite dans la sphère économique est loin d’être satisfaisante. Selon une enquête de 2004, les femmes qui représentent 52% de la population totale du pays ne représentent que 41% de la population active et cette proportion diminue au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie.

Les hommes sont prédominants dans tous les postes de direction et de responsabilité dans les grandes compagnies et ce schéma ne semble pas évoluer très vite. Dans le secteur public, où la situation est plus favorable aux femmes, elles n’occupent pourtant que 30 % des postes de responsabilité avec des disparités régionales importantes. On ne trouve que 23 % de femmes a des postes de responsabilité dans la province du Cap-Ouest contre 35 % dans la province du Nord-Ouest. Le gouvernement qui a fixé la date d’avril 2009 pour la complète parité dans la fonction publique a du pain sur la planche.

Thenjiwe Mtintso, une femme élue au Nec, remarquait en 2007 que « les chiffres ne sont qu’une petite partie de l’arsenal à utiliser pour la complète éradication des relations inégalitaires entre hommes et femmes. Comme les mentalités ont tendance à être à la traîne, les changements quantitatifs ont une influence et jouent un rôle important pour arriver à des changements qualitatifs. L’expérience vécue dans l’ANC et en Afrique du Sud montre que l’accès et la participation d’un nombre important de femmes dans les structures de décision ont joué un rôle significatif dans la lutte contre le patriarcat et la transformation de la société. Si les quotas ne sont qu’un des éléments d’une stratégie aux multiples facettes pour arriver à l’égalité des genres, ils ne sont aussi que des mesures intermédiaires. Seule une véritable démocratie rendra ces mécanismes inutiles » Source ANC Today

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