L’attente interminable du résultat des élections du 29 mars accroît chaque jour l’inquiétude de la population et le risque d’un dérapage sanglant est dans toutes les têtes. L’opposition qui est convaincue d’avoir remporté les élections cherche le soutien des pays voisins, en particulier de l’Afrique du Sud tout en lançant des appels au calme.
Une rencontre entre les syndicats du Zimbabwe, ZCTU, et de l’Afrique du Sud, Cosatu, a permis de mieux cerner la situation. Le ZCTU, dans son rapport, rappelle que ces élections n’ont été ni justes, ni libres. Les intimidations de toutes sortes n’ont pas empêché cependant les électeurs de se rendre aux urnes montrant ainsi leur rejet du gouvernement en place et leur volonté de voir Mugabe céder la place.
Dans les zones urbaines, les résultats sont en faveur de l’opposition et les zones rurales, traditionnellement fidèles au parti au pouvoir, le Zanu PF de Robert Mugabe, ont changé de camp. Dans tous les bureaux de vote, des représentants de tous les partis politiques étaient présents et ont signé les procès-verbaux de dépouillement, les résultats sont donc connus.
La loi oblige la commission électorale a proclamé les résultats de l’élection présidentielle, mais à la vue des résultats, le Zanu PF a fait pression pour que la commission publie d’abord les autres résultats pour laisser le temps de montrer que Morgan Tsvangirai n’avait pas la majorité et qu’un second tour pour l’élection présidentielle était nécessaire. Selon une organisation indépendante, Zimbabwe Electoral Support Network, celui-ci obtiendrait entre 47 et 49 % des suffrages et Robert Mugabe entre 41 et 43 % des suffrages. Selon les agents électoraux du MDC, présents dans les bureaux de vote, Morgan Tsvangirai obtiendrait 50,3 % des voix. Le Zanu PF prétend avoir été volé de 4900 voix.
L’arrestation de trois représentants de la commission électorale est très inquiétante et beaucoup craignent qu’ils soient torturés pour « avouer » qu’ils ont minimisé le nombre de voix pour Mugabe. Le parti au pouvoir demande aussi de recompter les bulletins de vote pour les élections législatives parce qu’une possible démission de Robert Mugabe dans les six mois à venir exigerait une majorité parlementaire de son parti pour nommer son successeur.
Les syndicats, les organisations de la société civile commencent à devenir impatients devant tous ces tripatouillages. Aussi, le ZCTU est très inquiet et demande la proclamation rapide des résultats, tout en esquissant trois scénarios possibles : la proclamation du vainqueur et la formation rapide d’un gouvernement d’unité nationale ; la tenue d’un second tour avec des observateurs régionaux et internationaux ; et le dernier et le pire de tous : Mugabe reste au pouvoir et gouverne par décrets, ce qui serait un coup d’état.
Le Cosatu a vivement critiqué l’attitude trop conciliatrice du Président Mbeki face à la crise que vit le Zimbabwe. Une rencontre avec Morgan Tsvangirai pourrait avoir lieu rapidement. Le MDC appelle les pays africains à intervenir pour éviter un bain de sang possible à la vue du réarmement des milices, de l’invasion des fermes tenues par des Blancs et du tabassage de nombreux militants du MDC.
Les syndicats, la société civile demandent la proclamation des résultats pour éviter le pire. Devant la montée de l’impatience de la population, des actions non-violentes, avec le port d’un ruban blanc, vont être organisées, mais nul ne peut prédire que les appels au calme seront entendus. Source Cosatu Media Monitor
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