La nouvelle Afrique du Sud ne s’est pas encore débarrassée de ses vieux démons : le racisme et le sexisme. Plusieurs incidents graves ont eu lieu récemment qui montrent que les mentalités ne changent pas aussi vite que le souhaite le gouvernement.
Il y a quelques semaines un jeune homme de 17 ans a tiré dans la rue d’une township, tuant plusieurs personnes dont une jeune mère et son enfant. Le seul motif invoqué a été d’ordre raciste et le jeune homme était un récidiviste.
Les cas de vexations et de brutalité à l’encontre des travailleurs agricoles sont quotidiens, et même les cas les plus graves sont jugés avec beaucoup de clémence par les tribunaux. Les fermiers qui chassent leurs ouvriers de leurs exploitations en les laissant sans toit et sans revenus sont rarement condamnés. Ceux qui refusent de payer le salaire minimum légal trouvent toutes les raisons pour se justifier en prétextant qu’ils fournissent le logement, l’eau, l’électricité ou même des provisions à leurs ouvriers pour déduire « ces avantages en nature » du salaire.
Les termes infamants « kaffir », »coolie », « Boesman » ou « hotnot » pour parler des Noirs sont encore employés non seulement par les Blancs ordinaires mais aussi par des responsables, comme un dirigeant du monde sportif récemment.
Une vidéo tournée par quatre étudiants blancs montrant l’humiliation de cinq employés de service noirs à l’université de l’Etat libre a provoqué un tollé d’indignation. Les cinq employés noirs sont montrés à boire sous la contrainte un breuvage dans lequel les étudiants blancs ont uriné.
Depuis que l’université avait décidé la mixité entre étudiants blancs et noirs dans les résidences universitaires les incidents racistes se sont multipliés sans que les autorités réagissent fermement. Après l’incident de la vidéo, les langues se sont déliées et plusieurs étudiants noirs ont confirmé avoir été soumis à « une initiation » humiliante Cette fois, les autorités universitaires et le ministre de l’éducation de la province ont décidé de punir de manière exemplaire les auteurs de ces délits.
Le harcèlement sexuel est une réalité vécue par de nombreuses femmes dans la rue, à la maison et au travail, mais l’agression sauvage d’une jeune femme par un chauffeur de taxi pour la « punir » de porter une minijupe a provoqué une condamnation unanime de l’opinion publique, des partis politiques et du gouvernement. À la suite de cet incident, les autorités du Gauteng pourraient décider de fermer la station de taxi où l’agression s’est produite sous les yeux d’une centaine de chauffeurs de taxi. Une enquête vient de révéler que ce genre de pratiques contre des femmes portant des minijupes dure depuis des années.
L’argument que la minijupe n’est pas conforme à la « tradition africaine » est irrecevable a déclaré un porte-parole du gouvernement qui s’inquiète de ces comportements. En référence à l’incident de la vidéo, il a précisé « cet incident met en lumière le fait que le racisme reste un défi majeur de notre jeune démocratie »
Dans sa lettre hebdomadaire, l’ANC, rappelle que la triple oppression dont les femmes ont souffert n’a pas encore disparue. Sous le régime d’apartheid toutes les femmes étaient opprimées en tant que femme, et les femmes noires étaient opprimées parce qu’elle étaient noires et en tant que travailleuses parce qu ‘elles ne pouvaient occuper que les postes de travail les moins qualifiés et les moins payés.
L’ANC souligne combien il est difficile de se débarrasser d’un héritage raciste et sexiste et insiste pour que toutes les institutions développent des programmes diversifiés pour que tous connaissent l’histoire du pays et que les principes inscrits dans la Constitution démocratique, non-sexiste et non-raciale de la nouvelle Afrique du Sud deviennent réalité.
Retrouvez cet article sur la Toile : http://renapas.rezo.net/spip.php?article226Retour à la page d'accueil du site RENAPAS
retour à l'article