La cause des femmes est devenu un alibi dans la bataille qui fait rage pour la course à la présidence de l’ANC. Beaucoup de féministes et de militantes se posent la question de savoir comment sortir de ce piège qu’est devenu la lutte pour le pouvoir et comment faire entendre la voix des femmes dans ce combat d’hommes.
Le choix de la Ligue des femmes de l’ANC pour la candidature de Jacob Zuma à la tête d’une liste entièrement composée d’hommes pour les postes de direction de l’ANC a fait l’effet d’un coup de tonnerre et a provoqué une salve de commentaires sur ce choix inattendu. Les féministes du Gender Links ont été les plus virulentes en appelant à une manifestation « Les événements de la semaine dernière dans notre pays, nous montrent que les avancées pour l’égalité entre hommes et femmes que nous avons faites peuvent être facilement perdues. La décision choquante de la Ligue des femmes de l’Anc d’apporter son soutien à des hommes pour les postes de direction de l’ANC compromet le principe de la complète parité 50/50 pour lequel nous avons toutes lutté si fort ».
Thabo Mbeki a affirmé haut et fort tout au long de son mandat sa volonté de voir les femmes accéder à des postes de responsabilité. Le choix d’une femme au poste de vice-président, la nomination de nombreuses femmes à des postes de ministres, à des postes de responsabilités, au niveau provincial ou local témoigne de cette volonté.
Mais il est facile aussi, chiffres à l’appui, de montrer que les femmes sont pauvres, qu’elles ont beaucoup de mal à s’imposer dans le monde du travail à des postes de direction, qu’elles sont les victimes de violence à la maison, au travail, dans la rue. Pour la grande majorité des femmes, la triple oppression de race de genre et de classe se perpétue dans la nouvelle Afrique du Sud.
Des féministes en viennent à se poser la question de savoir si cette politique de représentation n’est pas une forme cynique d’appropriation par les hommes des revendications des femmes. Au -delà des chiffres, l ’ANC et la société sud-africaine ont vraiment besoin de relever les défis de l’amélioration de la vie des femmes, du respect de leurs droits dans une société encore très patriarcale.
La nomination d’une femme à la tête de l’Anc ou à la tête de l’Etat n’a rien d’absurde, ni d’impossible. Il y a de nombreuses femmes capables d’assumer ce rôle. Mais encore faut-il que cette femme ait un réel soutien au sein de l’Anc et dans la société en général. Sinon, elle risque fort d’être cataloguée comme faisant partie d’une faction ou d’une autre et les femmes n’auront rien à gagner
Une féministe, dans une lettre ouverte à la Présidente de la Ligue des femmes, montre bien le désarroi des femmes « Le patriarcat et toutes les autres formes d’oppression sont mes ennemis. Je sais que des femmes patriarcales au sein de l’ANC, de la Ligue des femmes, du Parti communiste sud-africain, du Cosatu, dans le mouvement social et de nombreuses organisations, y compris celles qui parlent avec leur langue fourchue « au nom des femmes » nous compliquent la vie et prolongent notre oppression. »
Toutefois, désarroi ne veut pas dire abandonner la lutte pour la cause des femmes et il y a certainement des chemins à trouver pour que les femmes deviennent des acteurs du changement en profondeur de la société sud-africaine. Source Cosatu Media Monitor
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