La détérioration de la situation économique et politique au Zimbabwe a créé un malaise dans l’opinion et la classe politique sud-africaine. Plusieurs dirigeants politiques se sont exprimés ces derniers jours dans des réunions ou dans la presse
Blade Nzimande, le secrétaire du SAPC, au congrès du parti de la province du Cap ouest, a déclaré " si nous n’étudions pas la situation avec soin, nous pourrions nous retrouver dans la même situation Quiconque critique Mugabe est un suppôt de l’impérialisme et un raciste " ce qui montre selon lui, " le danger d’un ancien mouvement de libération qui accède au pouvoir et devient un appendice du pouvoir d’état " . C’est une critique à peine volée de l’ANC au pouvoir.
Il a aussi critiqué à nouveau la politique du Black Economic Empowerment qui ne résout en rien la pauvreté mais crée une classe bourgeoise noire prête à tout pour s’enrichir. L’Anc devrait éviter les luttes de factions et discuter ouvertement avec ses alliés, le SACP et le Cosatu et les traiter en égaux pas " en cousins éloignés ".
Le SACP, toutefois, n’est pas exempt lui-même de luttes internes, entre ceux qui voudraient que le parti se présente sous ses propres couleurs aux prochaines élections et ceux qui souhaitent continuer à se présenter sous la bannière de l’ANC.
Le Cosatu a appelé au soutien à la grève nationale des 3 et 4 avril prochain, lancée par le ZCTU. Le secrétaire général Vavi a expliqué que le Cosatu n’est pas pour " un changement de régime, c’est l’affaire des Zimbabwéens et si c’est leur souhait qu’ils changent de gouvernement par les voies démocratiques. " Mais il a aussi ajouté que la crise avait atteint des sommets et que le gouvernement du Zimbabwe ne reculait devant rien pour écraser la résistance des partis d’opposition, la société civile et les syndicats.
Vavi qui a, en son temps, admiré Robert Mugabe pour avoir libéré son pays et aidé à la chute du régime d’apartheid, se demande comment le pays est arrivé si bas. Aucune solution viable n’a été donnée aux problèmes de la pauvreté, du chômage, de la redistribution des terres Pour combler ce déficit d’idées, l’expulsion brutale des fermiers blancs n’a été " qu’une farce électorale par un parti au pouvoir à court d’idée ".
Moeletsi Mbeki, le frère du président, qualifie " la diplomatie tranquille " du gouvernement envers le Zimbabwe de " paralysie ". Pour lui le fonds du problème est que les questions fondamentales ne sont pas affrontées " Il s’agit d’une réalité post-libération qui étreint l’Afrique australe toute entière, caractérisée par la croissance d’une inégalité entre noirs qui conduit à la croissance d’un militantisme accru dans les classes laborieuses. Il s’agit " d’un nouveau conservatisme noir contre la montée de l’ultra gauche, que le gouvernement dirigé par l’ANC ne veut pas reconnaître ". Le phénomène n’est pas propre au Zimbabwe, mais est visible partout de la Zambie à la RDC, en passant par l’Afrique du Sud
Cette opinion est partagée par Elinor Sisulu, la fille de Walter Sisulu un compagnon de Nelson Mandela,. qui ajoute qu le gouvernement sud-africain n’est pas silencieux mais soutient le gouvernement de Mugabe Elle insiste surtout sur les milliers de réfugiés venus du Zimbabwe qui ont un impact négatif sur une grande partie de la population sud-africaine " Cela n’affecte pas l’élite, seulement les pauvres " ce qui explique pour elle le silence du gouvernement.
Ce qui se passe au Zimbabwe a un effet négatif pour l’Afrique du Sud qui était son partenaire commercial principal et aussi pour la région entière. Selon les mots d’Allistair Sparks, un analyste de renom, " la chute soudaine du Zimbabwe dans un comportement irrationnel effraye les investisseurs étrangers et beaucoup de Sud-Africains qui craignent que la même chose puisse arriver ici "
Les derniers événements survenu au Zimbabwe donnent malheureusement raison à ceux qui estiment que " la diplomatie tranquille" du gouvernement sud-africain est un échec qui risque d’avoir de graves répercussions pour la région. Source Cosatu Daily News
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