Disparition de Hilda Bernstein

Hilda Berstein, qui avait consacré sa vie à combattre le système d’apartheid, à la cause des opprimés et à la cause des femmes, s’est éteinte à l’âge de 91 ans en Afrique du Sud. Elle était aussi artiste et écrivain.

Hilda Berstein était née à Londres en 1905 ; son père Simeon Schwarz, un bolchevique convaincu quitta la famille pour retourner en Union Soviétique en 1915 et la jeune Hilda quitta l’école pour travailler. En 1933, âgée de 18 ans, elle émigra en Afrique du Sud.

Très vite, elle s’engagea dans la lutte contre la montée du fascisme en Europe et en 1940 elle rejoignit les rangs du Parti communiste d’Afrique du Sud, la seule organisation non-raciale à l’époque. Très bonne oratrice, elle fut élue au conseil municipal de Johannesburg en 1943. Seule élue communiste, elle utilisa son mandat pour dénoncer les injustices contre la population noire. En 1941, elle épousa Lionel(Rusty) Berstein, qui partageait son engagement politique.

Pendant les années 1950 elle s’engagea dans la lutte des femmes avec la FEDSAW, la Fédération des Femmes sud-africaines et fut l’une des organisatrice de la célèbre marche des femmes sur Union Buildings à Pretoria en 1956

Comme ses compatriotes engagés dans la lutte de libération, elle fut victime de la répression du régime. Elle fut condamnée pour avoir aidé à l’organisation de la grève des mineurs en 1946, en 1953 le gouvernement lui interdit d’assister à tous rassemblements publics, en 1958 il lui interdit toutes publications alors qu’elle écrivait pour de nombreux périodiques en Afrique du Sud et à l’étranger, en 1960 elle fut emprisonnée pendant l’état d’urgence à la suite du massacre de Sharpeville. Mais rien ne l’empêcha de poursuivre son activité dans la clandestinité.

En 1963 son mari fut arrêté à Rivonia avec d’autres dirigeants de l’ANC et fut un des co-accusés du procès de Rivonia avec Nelson Mandela. Acquitté, puis de nouveau arrêté, il fut libéré sous caution. Le couple décida alors de quitter le pays, en rejoignant à pied la frontière du Botswana d’où ils partirent pour s’installer à Londres Dans son livre "The World that was ours", elle retrace les arrestations à Rivonia,, le harcèlement policier et cette fuite dramatique.

En exil, Hilda continua à être active dans l’ANC, dans le Mouvement anti-apartheid et le Mouvement de la paix britanniques. Elle parcourut l’Europe, les USA et le Canada pour faire connaître la lutte du peuple sud-africain et créer un vaste mouvement de solidarité.

Elle devint aussi une artiste reconnue et elle exposa ses gravures et peintures dans de nombreuses expositions en Europe comme en Afrique. Ses ouvrages font référence pour la connaissance de l’histoire du mouvement de libération. et de la lutte des femmes. For their Triumphs and for their tears, publié en 1978 est un hommage à la participation et aux sacrifices des femmes tout au long de la lutte contre l’injustice et l’oppression du système d’apartheid.

Hida Berstein et son mari sont revenus en Afrique du Sud pour participer aux premières élections démocratiques en 1994. L’ANC lui a rendu hommage en soulignant combien ses écrits ont de valeur pour le passé mais aussi pour l’avenir, en particulier pour relever les défis de l’émancipation des femmes

Hilda écrivait " La participation des femmes n’est pas seulement l’expression de leur désir d’en finir avec le fléau de l’apartheid, mais aussi l’expression de leur profonde préoccupation concernant leur propre statut en tant que femme...Les femmes d’Afrique du Sud ont toujours été partie intégrante de la lutte, et elles restent la clé de la force et du développement de masse de cette lutte. Elles ont fait un long chemin, elles ont encore un long chemin à faire". Source AncToday

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