L’Afrique du Sud devrait décréter l’état d’urgence pour la santé

Cette lettre écrite par Gordon Tlama Mthembu, responsable de TAC pour le district d’Ekhurleleni a été publiée en partie dans le quotidien City Press. Treatment Action Campaign la publie dans son intégralité. Nous en publions ici des extraits

En tant que personne séropositive, j’ai honte de l’avenir qui nous est réservé si Dr Manto Tshabalala-Msimang continue d’être ministre de la santé. J’ai contribué à la libération de ce pays. J’ai passé plusieurs années en prison pour l’ANC et j’ai été blessé alors que je faisais partie des unités d’auto-défense au cours des émeutes de Thokoza et Katlehong Beaucoup de mes compagnons de lutte sont morts à cause de l’épidémie du sida.

Depuis la dernière conférence internationale sur le sida, la tension a monté entre TAC et le gouvernement sud-africain. Le gouvernement a accusé TAC de vilipender la prestation de l’Afrique du Sud à Toronto. C’est faux. Les membres de TAC ont montré leur frustration en manifestant devant l’incompétence de la ministre Tshabala-Msimang. Le stand de l’Afrique du Sud n’a pas été endommagé. D’autres pays ont montré ce qu’il faisait en matière de recherches, de prévention, d’accès aux traitements, de nutrition, etc.... Le stand de l’Afrique du Sud exposait de l’ail, des citrons, des pommes de terre et des photos de la ministre de la santé, du Président et de la vice-Présidente (les antirétroviraux n’ont été montrés qu’après les critiques des délégués sud-africains).

Est ce pour cela que Manto Thshabalala-Msimang est allée à Toronto ?

Manto Tshabalala-Msimang a autorisé des négationnistes comme Matthias Rath d’opérer en toute impunité dans notre pays... Les médicaments de Rath ne sont pas reconnus et Rath n’est pas un médecin reconnu. Aussi le soutien que la ministre lui a accordé, a discrédité des institutions de première importance comme le Conseil de contrôle des médicaments et le Conseil des professionnels de la santé d’Afrique du Sud. Ella aussi fait un mauvais usage de la médecine traditionnelle dans son combat contre les antirétroviraux, alors que l’ail, le citron et la betterave ne font pas partie de la pharmacopée traditionnelle...

La Ministre se vante de son plan global de lutte, de prévention et de soins apportés aux malades du VIH/Sida Le problème c’est la mise en œuvre de ce plan. Et ce plan n’est pas le plus complet au monde comme elle le dit. Si nous regardons le pourcentage de malades qui ont besoin de traitements et qui les reçoivent, l’Afrique du Sud n’est même pas parmi les dix premiers pays en Afrique. La Ministre met l’accent sur l’aspect nutritionnel de ce plan, mais Dieu nous garde si ce régime ne consiste qu’en l’absorption de betterave, citron et d’ail ! TAC n’a jamais nié l’importance du régime alimentaire, mais cela devient un problème si l’on prétend qu’un régime alimentaire peut remplacer un traitement. Il ne s’agit pas de remplacer l’un par l’autre mais d’utiliser les deux. Bon régime alimentaire et traitements vont de pair. Avoir assez à manger est une question vitale pour ceux qui sont infectés par le VIH, comme pour ceux qui ne le sont pas...

Le système de santé est en piteux état Manto Tshabalala-Msimang n’a aucune solution pour le sortir de la pagaille... Nous devons faire face à une épidémie massive de tuberculose qui est encore aggravée par l’épidémie de sida... Il n’y a pas assez de ressources pour que le programme de lutte contre la tuberculose fonctionne. Le manque de personnel dans les hôpitaux et les centres de santé rend le travail encore plus difficile. Les conseillers ne reçoivent pas le respect qu’ils méritent pour leur engagement dans la lutte contre la maladie et certains ne sont pas payés depuis des mois...Comme le rédacteur d’un journal l’a déjà dit, l’état d’urgence pour notre système de santé devrait être décrété.

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